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Critique de Christophe_bj


Ces « confessions », fort brèves, se divisent en cinq chapitres : « Moi aussi, je suis une victime » ; « Adieu la coke » ; « le refuge » sur une retraite que l'auteur a faite dans un monastère ; « Un chaos structuré » sur un séjour dans le 21e RIMA ; « Un désir effrayant » sur l'obsession sexuelle. ● Les deux premiers chapitres à la prose primesautière et espiègle, sont agréables à lire, pleins de formules amusantes, même si la thématique de la « coke » n'est vraiment pas nouvelle sous la plume de Beigbeder. ● Il a incontestablement le sens de la formule. Par exemple : « le seul moment où la France me manque, c'est quand je n'y suis pas. À l'étranger, je la regrette ; à domicile, je la déplore. » ● Les deux suivants, les chapitres 3 et 4 m'ont paru fastidieux, et du reste ne sont pas inédits, comme l'auteur le souligne en avant-propos. ● le dernier chapitre est sans doute celui qui prête le plus volontiers le flanc aux critiques car l'auteur y généralise à tous les hommes, hétérosexuels comme homosexuels, son obsession sexuelle particulière. ● L'ensemble m'a paru assez médiocre, en-dessous du niveau moyen de ses autres livres. Cependant, Beigbeder ne mérite pas d'être traîné dans la boue comme certaines critiques ici le font. En particulier, dire qu'il est has been me paraît assez à côté de la plaque puisque c'est précisément ce qu'il revendique dans tout l'ouvrage, dès même le titre. N'écrit-il pas : « j'avais une nouvelle ambition : vieillir. » ● J'ai trouvé ses critiques contre Annie Ernaux vachardes mais bien vues : « On peut jouer les victimes à vie comme Annie Ernaux. Elle est richissime depuis 1984 mais a répété pendant cinquante ans qu'elle était une transfuge de classe (quoique fille d'épiciers soit un sort plutôt enviable : il y a toujours de quoi manger dans une épicerie). […] Annie Ernaux a capitalisé toute sa vie sur la honte de sa jeunesse. Elle a hérité de ses parents épiciers un talent pour l'exploitation d'un fonds de commerce. […] Annie Ernaux a réussi à fabriquer une oeuvre à la fois creuse et plate. […] Sa façon de dénigrer Houellebecq quand elle a reçu son Nobel était aussi inélégante que celle du gardien de l'équipe de football d'Argentine, championne du monde, Emiliano Martinez, chambrant Kylian Mbappé après la victoire. Il ne leur suffit pas d'être consacrés, il leur faut encore enfoncer les perdants. C'est que la gloire ne rassure pas les imposteurs : ils doutent de leur valeur. » ● Il ne peut s'empêcher de faire de la provoc, comme lorsqu'il compare judaïsme et catholicisme avec une mauvaise foi certaine : « Quand Anne Berest, Lola Lafon ou Karine Tuil déclarent : « Toute ma vie, j'ai cru que je m'en fichais d'être juive, mais en vieillissant, je m'aperçois que je me sens juive au fond et blablabla », tout le monde salue leur sincérité touchante. Et quand moi je déclare : « Toute ma vie, je croyais que je m'en fichais de mon catholicisme, mais en vieillissant, je me prosterne devant Jésus dans une chapelle gothique et blablabla », je me fais traiter de sale réac, d'apôtre de l'intégrisme et de symbole de la bourgeoisie blanche conservatrice lectrice du Fig Mag, à jupe plissée, serre-tête en velours et carré Hermès », même s'il est vrai que sa conclusion me paraît pertinente : « La cathophobie est un racisme parfaitement autorisé, voire encouragé en France. » ● Ou bien : « Il faudra un jour qu'on m'explique la différence entre les Dom-Tom et les colonies. Pourquoi l'Algérie française, c'est mal, et la Calédonie française, c'est bien ? » ● Ou encore : « le point commun entre 1942 et 2022, ce sont les monceaux de cadavres de femmes et d'enfants. Et d'hommes aussi : plusieurs centaines par jour. Pourquoi trouve-t-on normal que les hommes meurent ? Cela ne me semble pas très féministe. » Même s'il est vrai qu'on peut s'étonner de trouver naturel que les individus de sexe masculin meurent à la guerre, le parallèle entre 1942 et 2022 laisse perplexe. ● En conclusion, c'est un livre vite lu et sans doute vite oublié, auquel on peut préférer L'homme qui pleure de rire (2020).
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