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Critique de IreneAdler


Challenge ABC 2017-2018
10/26

C'est assez drôle et je ne l'ai pas fait exprès, mais je lis ce livre en même temps que nous rénovons une maison. Et que les problématiques d'espace, de matériaux se posaient alors. Mais aussi celle du ménage, parce que autant ne pas le cacher, passer d'un appartement à une maison pose la question de l'augmentation de la surface à nettoyer et ranger et je ne vous fais pas un dessin de qui va devoir batailler pour que les tâches soient effectuées (c'est drôle, je n'ai pas de problème pour convaincre mon compagnon de prendre l'aspi, mais il semble aveugle à la saleté...). Fin du point "Je raconte ma vie". Mais quand même c'est drôle, même si je voulais le lire depuis longtemps.
Que faut-il pour se sentir chez soi ? Déjà, un espace qui nous plaise. Simple, non ? Eh ben pas forcément si on tient compte du fait qu'il faut avoir des moyens suffisants, des logements disponibles, du temps pour chercher. Mais aussi du... temps. Eh oui ! En fait, habiter est un acte éminemment politique et sociétal. La division du travail capitalistique, la construction du stéréotype de la-femme-au-foyer-fée-du-logis, les architectes qui ne veulent construire que des choses belles de l'extérieur sans penser aux usages, sans parler du manque de moyen d'une très large partie de la population parquée dans des clapiers minuscules.... tout cela contribue à un malaise dans le logement. Or des solutions existent, comme l'on montré plusieurs expérimentations en Suisse de constructions sociales entre espaces privées et espaces communautaires, ou encore le logement coopératif en France ou en Allemagne.
Chollet explique cela de manière très claire et documentée, en s'étonnant de ce que personne ne se soit encore réellement emparé du sujet. Après tout le logement est quelque chose de primordial pour la survie, mais peut-être pas à n'importe quel prix, qu'il soit écologique, psychologique ou économique... Elle évoque des modèles alternatifs, qui demandent un changement radical de mode de pensée ; tout en ayant l'honnêteté de se demander si elle-même en est capable (vivre dans les squats genevois par exemple est dessus à la fois de ses capacités et de ses forces). Elle cherche aussi la source de notre mode de vie actuel, avec un détour par les pays du sud de l'Europe et de notre histoire depuis la Renaissance, période de forts bouleversements sociaux et culturels (imprimerie, redécouverte des auteurs antiques, apparition du protestantisme...) et par la volonté des architectes de laisser une empreinte qui a peu à voir avec les usages qui sont fait des logements dans la vraie vie de tous les jours ; finalement, les personnes les moins consultées lors de la constructions de grands ensembles sont les futurs locataires, qui doivent se couler dans un moule penser pour eux mais pas avec eux. Et tout le monde n'a pas les moyens de s'engager dans le logement participatif. Mais les pouvoirs publics ont le pouvoir de changer de point de vue et de voir ce qui se fait ailleurs...
Habiter, c'est politique et peut-être que les décideurs devraient lire un peu plus d'ouvrages comme celui-ci... Et les architectes avec.
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