La disparue de Saint-Maur de
Jean-Christophe Portes aux éditions City Poche
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Brillant comme une larme de
Jessica L. Nelson aux éditions Albin Michel
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A Dieu vat de
Jean-Michel Guenassia aux éditions Albin Michel
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Au fil des bords de Marne: D'hier à aujourd'hui de
Jean-François Tifiou aux éditions Feed Back
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- Je ne me suis pas présenté, poursuit-il. Je suis l'hauptsturmfuhrer Nosek, du Sicherheitsdienst, mais vous pouvez m'appeler capitaine, ce sera plus simple. Mon capitaine, comme vous dites, vous les Français. Saviez-vous que le "mon" est une contraction du "monsieur", et qu'elle remonte à l'Ancien Régime ?
Déguisés en grosses abeilles en peluche façon parc d'attraction, ils déroulèrent pancartes et banderoles: NON AU MASSACRE DES INSECTES! SAUVEZ LES ABEILLES! NON AUX NÉONICOTINOIDES!
Je suis dans le trou du cul de l'enfer, ça ressemble à ce qu'on raconte sur les cellules d'isolement du bagne de Cayenne, dont les plus durs ne ressortent qu'à l'état de loque. C'est la même chose ici, mai c'est boche, alors c'est plus moderne, il y a l'électricité.
Tous étaient présidés par des femmes, mais seuls les hommes y participaient. C’était, pour quiconque rêvait d’une carrière d’artiste ou d’écrivain, l’un des plus sûrs moyens d’exister aux yeux du monde (…) A Paris, une poignée de sociétés se livrait une concurrence acharnée, chacune bataillant pour recevoir un certain soir de la semaine.
Il revoyait ses yeux clairs, naïfs et pleins de rires, il le revoyait lui tirer la manche rue Saint-Honoré, brandissant sa pièce sur le Pont -Neuf comme un trophée, puis s’enfuyant de sa démarche dansante. Il revoyait son sourire lorsqu’il lui avait annoncé qu’il le prenait à son service. Et à ce souvenir des larmes brûlantes jaillirent de ses yeux.
À Pontoise, trente kilomètres au nord-ouest de Paris, se dresse un ensemble de bâtiments ultramodernes, dont on ne devine pas grand-chose depuis le boulevard.
Pour en savoir un peu plus, il faut passer le poste de garde, présenter ses papiers d’identité à des gendarmes de faction puis franchir une grille blanche. Il y a un immeuble bas sur la droite, et à gauche, des parkings où je me gare. Après une deuxième grille, on entre par un portique sécurisé à l’IRCGN : l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale. Plus de 260 experts de haut vol sont regroupés ici. Ils habitent un peu plus loin dans leurs casernes, disponibles 24 heures sur 24, confrontés sans cesse au crime, aux accidents, aux violences de tout ordre, aux explosions, agressions, assassinats, morsures et trafics de toutes sortes.
Ce sont les experts de la gendarmerie.
Des lieux comme celui-ci, il n’en existe pas beaucoup à travers le monde. Il y a le FBI à Quantico, bien sûr, les Allemands du BKA, le NFI des Hollandais, on compte sur les doigts de la main les structures de cette importance1. Les femmes et les hommes qui travaillent ici sont à la fois scientifiques et gendarmes (peu de civils parmi eux), au service de la justice et des enquêteurs de terrain – à la fois militaires, geeks, thésards, doctorants, des grosses têtes, médecins, dentistes, chimistes, informaticiens, ingénieurs, hyper spécialistes de toutes sortes de choses très complexes, de l’hématologie à la biochimie, en passant par la balistique, la médecine légale ou l’anthropologie, je ne les citerai pas toutes. En rencontrant Patrick Touron, alors patron de l’IRCGN, je réalise à quel point on connaît mal ces experts. Les vrais.
Ces enquêteurs scientifiques, parfaitement organisés, examinent toutes les pistes une à une, les valident ou les abandonnent avant de continuer le plus loin possible, vers une éventuelle vérité scientifique.
Ce qui leur fait adopter un langage bien particulier, prudent et précis. Personne ici ne vous dira : « On a trouvé l’ADN de monsieur Untel sur la scène de crime. Ça y est, on tient ce salopard… »
On vous dira plutôt (au terme de vérifications fastidieuses) : « L’ADN de monsieur Untel ayant été trouvé sur un endroit de la scène de crime, il a possiblement été présent sur place. On ne peut toutefois écarter l’hypothèse que son ADN ait été apporté par transfert d’une tierce personne. En conclusion, il est plausible que monsieur Untel ait été présent sur la scène de crime, mais on ne peut pas l’affirmer avec certitude. »
Les femmes et les hommes qui travaillent ici ne jugent personne. Ils n’ont ni préjugés ni certitudes. Ils opèrent pour leurs collègues de terrain, la police ou les magistrats, une armée de gendarmes scientifiques. Surtout, ils travaillent pour l’ensemble des citoyens, nous, les justiciables, et c’est sans doute à la fois leur fierté et leur motivation. Beaucoup d’entre eux pourraient avoir une vie plus confortable dans le privé, des salaires multipliés par deux, trois ou quatre, avec bien moins de contraintes. Les laboratoires privés et les sociétés d’informatique ne manquent pas. Mais ils n’y tiennent pas – au contraire, les volontaires se bousculent au portillon. Ils aiment leur étrange métier, complexe, difficile, parfois redoutable pour les délinquants ou criminels.
À force de voir de faux experts, de faux profileurs bardés d’intuitions et de certitudes, on finit par oublier ce qu’est vraiment la forensique, c’est-à-dire les sciences au service de l’investigation et de la justice. C’est un travail lent et obstiné, méthodique, chiffré, un travail sur le détail, sur la trace que personne n’avait vue, un travail qui connaît souvent l’échec ; travail de fourmi, étonnant à force de ruse et d’obstination.