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3.89/5 (sur 78 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1988
Biographie :

Stella Lory est une autrice franco-égyptienne. Après des études en psychologie, puis en sociologie, elle réalise que ce qui lui plaît c'est étudier et dessiner. Elle poursuit donc vers une licence d'art plastique à Paris I Sorbonne, et s'abreuve des œuvres de Claire Bretécher, Riad Sattouf, Marion Montaigne ou encore Catherine Meurisse.

Elle dessine un premier album en 2019 chez Warum sur les coulisses du monde de la mode ("Les Rois de la mode"). Puis elle officie dans le magazine "Fluide Glacial", où est édité son deuxième album dans la collection « L'Institut Fluide Glacial », recueils monographique dédiés aux nouveaux talents de l'humour moderne.
Mais si son créneau est la BD d'humour, elle est aussi très influencée par ses études en science humaines : l'anodin et le quotidien sont pour elle un champ d'observation clinique inépuisable. Avec Tilila Relmani, sa co-autrice sur "L'Éloge de la surface" (Dargaud, 2023), elle partage un lien du sang et une passion pour la télé-réalité.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Ne brûlez-vous pas de comprendre pourquoi ces programmes ont autant de succès ? Et d’où viennent ces candidats aux physiques surréalistes ? Que cache ce besoin de surexposer leur intimité ? Et nous, pourquoi on aime les regarder, comme si on avait accès à quelque chose d’interdit ? La mauvaise réputation de la téléréalité ne montre-t-elle pas à quel point on stigmatise es candidats et la culture populaire en général ? En quoi la téléréalité serait un sujet d’étude plus déshonorant que l’Arte Povera du président Pompidou ?
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Peut-être que la téléréalité, c’est ça… La danse à deux du voyeuriste et de l’exhibitionniste. Le public croit assister à leur vie privée dans un grand déballage d’émotions qui leur échapperait. Bien que cette émotion soit authentique, le candidat ne perd jamais de vue qu’elle se joue devant la caméra. C’est parce que c’est exposition de leur vie intime attise notre curiosité que les candidats la surexploitent. Celui qui regarde sert les intérêts narcissiques de l’exhibitionniste, bien plus qu’il ne l’imagine. Cette captation du regard est centrale, aussi bien dans la téléréalité que dans le concept psychanalytique du narcissisme. En effet, le regard est à la base de notre construction en tant que personne. Au point que Lacan a développé carrément un concept, celui du stade du miroir. C’est dans l’autre que le sujet s’identifie et même s’éprouve tout d’abord.
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Quand t’as un max de mecs qui réalisent, écrivent et produisent, ça impose un chouille la manière dont la femme est montrée. C’est ce regard qui fait de la téléréalité l’archétype de qu’Eva Illouz appelle le capitalisme scopique. Le capitalisme scopique, c’est cette surexposition des corps toujours plus nus et érotisés par les médias et publicitaires. Chez les femmes, ce modèle de corps ultra érotisé, inspiré des codes du porno, se répand dans les années 1990.toutes ces images de bonasses te rappellent le chemin de croix de muscu et de régimes pour atteindre cet idéal. Et au cas où tu body-positiverais trop, la société est toujours là pour te rappeler à l’ordre, par des profusions d’images. Quand t’imposes aux femmes des critères de beauté impossibles, ça les maintient dans une insécurité permanente. Du coup, le projet de vie qui nous est proposé, c’est de rester toujours désirables. Et surtout ne pas chercher à briller par notre intelligence. Réduire une meuf à son capital érotique, c’est une arme de domination redoutable.
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François Jost, sémiologue. Et gros boss de l’analyse des phénomènes télévisuels. Au XXe siècle on assiste progressivement à un renversement des valeurs. On se met à questionner la sacralité de l’art en introduisant l’objet banal dans les musées pour créer la surprise. À votre avis, qui a dit : Quelle que soit la chose sur laquelle est dirigée la caméra, ça ne sera rien de spécial, et les gens regarderont exactement comme on reste assis à la fenêtre ou assis devant une porte. C’était Warhol, des décennies avant les débuts de Big Brother et Loft Story. Warhol, passionné de TV, efface la frontière entre l’art et les médias, jusqu’alors considérés comme de la sous-culture. Il aspirait à rendre invisible le regard de l’artiste. Dans cette optique, il projette en 1964 le film de 5h21 Sleep, montrant en plan fixe un homme qui dort. À la télévision, n retrouve la même démarche quasi ethnologique : Faire oublier la présence des journalistes pour donner une vision neutre des personnes filmées.
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Didier Anzieu, psychanalyste. Pour faire groupe, il faut renoncer un peu à ce qui fait notre singularité, pour se retrouver sur des valeurs et des croyances communes. Un consensus implicite se forme autour de la désignation du leader qui donne les grandes lignes et valeurs dominantes du groupe. Mais quand on est influencé par la mentalité du groupe, on pense moins par nous-même. Notre jugement est moins subtil et nuancé, un peu plus binaire. Moins on arrive à réfléchir, plus l’émotion prend le dessus et contamine le groupe. Toute l’agressivité qui ne peut pas s’exprimer à l’intérieur du groupe car elle risque de le faire éclater, est ainsi dirigée sur une seule personne : le bouc émissaire. Dans ces contextes, les phénomènes de harcèlements, d’actes sadiques sont favorisés par la diminution du sentiment de culpabilité individuel au sien des groupes.
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12H : contre toute attente, les candidats mangent des tagliatelles au pesto sur le canapé du salon quand Aaaron vient leur annoncer une activité consumériste. 13H30 : l’activité du jour, quad. Encore une distraction choisie sur un modèle bien capitaliste : coûteuse, polluante, inutile, et surtout la moins culturelle possible. 18H : on annonce aux candidats qu’ils vont passer la soirée en boîte de nuit, consentants ou pas. 18H20 : préparation des mecs = temps de cuisson d’un œuf à la coque. 20H15 : préparation des filles = temps d’affinage d’un brie de Meaux. Elles vérifient la théorie bourdieusienne selon laquelle la femme doit rester cet objet accueillant attrayant et disponible. 20H45 : sous le silicone et les nano-robes en polyester se dissimule un système de pensées conservatrices, mantra des programmes. L’injonction à se mettre en couple (hétéro, cela va de soi) pour durer dans le programme. La fidélité. Mais surtout la respectabilité. Des devoirs exclusivement féminins. Loin d’être solidaires, les candidates n’hésitent pas à entrer en compétition pour un homme. Malgré leurs efforts, les Sudistes ne passent toujours pas le test Bechdel-Wallace : l’indicateur du sexisme des films en trois critères. Y a-t-il au moins deux protagonistes féminins nommés ? Parlent-elles ensemble ? Parlent-elles ensemble d’autre chose que d’un homme ? Car, à l’inverse, les tendances infidèles des garçons renforcent leur virilité. 20H45 : Show must go on, Lénina se traîne vers le dancefloor. Grave erreur tactique de Lénina qui se croit autorisée à assumer enfin son désir pour un autre homme. 22H47 : Aaaron fulmine et entame une nouvelle parade de la virilité. 22H50 : après s’être reniflé le fion, Aaaron et Nolan en viennent à une conclusion : les potes passent avant les culottes. 23H00 : finalement tout le groupe s’est mis d’accord, la seule et unique fautive est Lénina.00H37 : édifiante master class illustrant combien sous un apparent libéralisme les valeurs conservatrices de la téléréalité sont fortes. Les femmes doivent y défendre là temps plein un honneur et une respectabilité jamais acquis. Seules les candidates mariées ou devenues mères sont entourées d’un halo de respectabilité. Le sociologue Pierre Bourdieu en parle dans La domination masculine (1998) : la femme, dont l’honneur, essentiellement négatif, ne peut être que défendu ou perdu, sa vertu étant successivement virginité et fidélité. Le jugement est toujours plus sévère pour elles, et elles demeurent les principales gardiennes de ces valeurs de pudeur.
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Lénina, j’te coupe ! Qu’est-ce qui te rends différentes des 50 Lénina que j’ai vues avant toi ? Dévoile-nous qui se cache vraiment derrière ce corps soumis aux diktats esthétiques.
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Le retournement de stigmate : c’est quand les victimes de discrimination reprennent les insultes et clichés à leur compte, pour faire un bras d’honneur à ceux qui les humilient.
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La téléréalité, c’est la potion magique pour hacker des bouts de cerveaux. Il suffit de mélanger un peu tout ce qui faisait le succès des autres programmes. Aux feuilletons et séries TV, elle prend l’idée d’une histoire à rebondissements et d’identification aux personnages. Aux programmes sportifs, elle prend l’idée de compétition et d’appartenance à une équipe. À la presse à sensation, elle prend le voyeurisme, les corps exposés, les scandales. Aux jeux télévisés, elle prend l’idée de gain à la clé. Big Brother et le Loft ont été une véritable révolution. Une téléréalité avec de vrais anonymes filmés 24H/24 et qui n’avaient aucune idée de ce que cette expérience allait donner. On nous faisait miroiter que rien ne nous serait caché. Aujourd’hui encore, les téléréalités se réclament de cet héritage (même si on est plus dans une orchestration de l’authenticité). Puisque les histoires des candidats qu’on suit dans les émissions télé se poursuivent parfois par de vrais mariages et grossesses qu’on peut suivre sur leurs réseaux sociaux, et sur Youtube et Twitch. Aujourd’hui les audiences TV diminuent tandis que la fréquentation de leurs réseaux sociaux explose. Les candidats sont devenus de vrais influenceurs qui filment leur quotidien quasi heure par heure. Au passage, ils en profitent pour faire subtilement la pub de certaines marques. Ce qui est bien plus lucratif que de montrer sa trombine à la télé. La télé a riposté en créant de nouveaux formats d’émission qui utilisent la notoriété de leurs candidats les plus influents, pour tourner des émissions exclusivement sur leur vie de famille. Tout ça, fait de la réalité une véritable fiction sans fin.
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Mais est-ce que tu sais où tu mets les pieds ? Les tournages, c’est 60 jours coupée du reste du monde. Des candidats épuisés à fleur de peau. Tu penses que tu saurais tirer le maximum de leurs fragilités émotionnelles ? Ce qu’il faut, c’est que tu les mettes en condition. Ils doivent être au top pour nous vendre du rêve ! Vois-tu Yasmina, une émission de téléréalité, c’est construit comme un conte de fées : on n’y voit que des gens beaux et jeunes. Elle offre l’illusion qu’il y aurait des élus. Il y a l’idée d’une quête initiatique avec des épreuves. Et au bout du chemin, quoi ? Le Graal : la consécration du public, la célébrité, la promesse de changer de vie. Vois-tu Yasmina, la téléréalité, ce n’est pas qu’un simple divertissement. C’est un peu comme une tragédie grecque : unité de temps, de lieu et d’action. Une villa pour le rêve (et pour l’enfermement), une piscine pour les rapprochements amoureux, un gros canapé pour les clashs, et trip eu de chambres pour forcer l’intimité.
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