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3.78/5 (sur 146 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 19/05/1969
Biographie :

Michel Eltchaninoff est professeur de philosophie français.

Journaliste à Philosophie Magazine, il est co-auteur avec Sven Ortoli de "Manuel de survie dans les dîners en ville" (Seuil, 2007) et "Les Insupportables, saison 1".

Il est auteur avec Christophe Nick de L’Expérience Extrême (Don Quichotte Editions, 2010) qui démontre les dérives de la télévision contemporaine à travers un faux jeu télévisé Le jeu de la mort.

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Ce 28 mars 2022, Les Rencontres Philosophiques de Monaco ont organisé une soirée de solidarité avec le peuple ukrainien et de soutien aux intellectuels, chercheurs et étudiants victimes de la guerre en Ukraine. Cette soirée était l'occasion pour les intervenants comme pour le public d'exprimer la profonde solidarité politique et morale avec le peuple ukrainien, de saluer son courage et de soutenir l'Ukraine dans l'épreuve qu'elle traverse actuellement. Interventions de Abd al Malik, Dov Alfon, Charlotte Casiraghi, Barbara Cassin, Catherine Chalier, Hélène Cixous, Marc Crépon, Georges Didi-Huberman, Michel Eltchaninoff, Maria Galkina, Zoriana Haniak, Luba Jurgenson, Jean-Jacques Roche, Constantin Sigov et Raphael Zagury-Orly. Vous aussi pouvez faire un don sur philomonaco.com/ukraine #philomonaco

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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Dans son exaltation croissante de l'armée, accompagnée d'une augmentation de son budget, Vladimir Poutine, au début de son troisième mandat en 2012, s'appuie sur la victoire contre le nazisme pour attribuer à la Russie une sorte de supériorité morale dans les relations internationales. Dans son discours du 9 mai, il clame : "Nous avons un immense droit moral, celui de défendre nos positions de manière fondamentale et durable. Parce que c'est précisément notre pays qui a subi le gros de l'offensive nazie (...) et a offert la liberté aux peuples du monde entier. Personne ne soupçonnait encore que la rhétorique traditionnelle, qui oppose le soldat libérateur des peuples au "fasciste", selon la terminologie consacrée en URSS, allait réapparaître pour justifier l'intervention russe en Ukraine. Mais l'argument, lui, est déjà en place.
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Selon le philosophe russe Ivan Ilyine (1873-1950), inspiration de Poutine, certaines "tribus" sont inaptes à devenir des Etats, et doivent demeurer sous le contrôle d'Etats voisins. Il cite les Flamands, les Wallons, les Croates, les Slovènes, les Slovaques, les Basques, les Catalans..Mais il pense aux peuples qui composaient l'empire russe et aux "petits frères" ukrainiens, caucasiens ou asiatiques.
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Mais à la chute de l’Union soviétique, la Russie a dû se résigner à devenir un pays comme un autre, ni pire ni meilleur. Désormais, grâce au pan le plus nationaliste et pseudo scientifique de la philosophie russe, Poutine rend à la Russie sa vocation idéologique internationale… L’URSS n’était pas un pays mais un concept. Avec Poutine, la Russie est à nouveau le nom d’une idée.
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Afin d'entraîner ses compatriotes derrière lui, il a posé un couvercle sur l'histoire, aussi bien russe que soviétique, le tsarisme comme le communisme, la Russie post-soviétique, l'Ukraine, l'Europe, l'Occident. Il en a remplacé l'examen lucide par une mythologie fondée sur la puissance russe contrariée.
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Poutine, dans les biographies autorisées et dans ses entretiens, a valorisé l'image romantique de l'espion incorruptible et valeureux, et a voulu faire oublier les centaines de milliers de victime de la police politique sous Staline, puis l'impitoyable chasse aux dissidents et autres déviants, à laquelle il a certainement participé. Selon lui, le KGB-FSB est le corps d'élite de la patrie soviétique. Si les leaders politiques communistes sont corrompus, si leur action est entravée par l'idéologie, la police secrète, elle, est au courant du retard du bloc communiste et constitue le fer de lance de la renaissance du pays. Bref, l'idéal est une police politique au pouvoir, libérée de la tutelle du Parti. Il l'affirme clairement dès son arrivée à la tête de l’État : « Le KGB était une organisation idéologique, servant les intérêts d'un parti au pouvoir – le Parti communiste de l'Union soviétique. Maintenant, chez nous, Dieu soit loué, il n'y a plus de parti au pouvoir, plus d'idéologie communiste étatique. » Désormais le FSB peut accomplir sa mission les mains libres : « Défendre les intérêts de l’État. » Poutine vante d'ailleurs les qualités professionnelles que développe le métier d'espion : « Les compétences pour travailler avec les gens : savoir écouter, savoir entendre. » Cette faculté consistant à mettre en confiance son interlocuteur et à s'adapter à lui a souvent été relevée par ceux qui ont rencontrés Poutine. Lui-même ne se définissait-il pas, dans sa jeunesse, comme un « spécialiste en relations humaines » ?
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Le corps de Lénine reste le cœur du pays, son centre symbolique. Ni Boris Eltsine ni Vladimir Poutine, qui joue à plein sur la nostalgie soviétique, n'ont eu le courage de tourner la page et d'envoyer la dépouille de Lénine dans un simple cimetière de Saint-Pétersbourg, conformément aux dernières volontés du défunt. Si rien ne se passe, Lénine célèbrera en 2024 sa centième année de momification.
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Nous avons interrogé Alexandre Douguine sur les philosophes qui inspirent Poutine. D’après lui, plusieurs modèles idéologiques se superposent. “Tout d’abord, Poutine, avec son éducation soviétique et son expérience du KGB, est un homo sovieticus. Dans sa vision du monde, le monde capitaliste est un ennemi. Sur cette base il a ajouté une couche de nationalisme russe impérial et conservateur issu du mouvement des Gardes blancs de l’émigration, et notamment Ivan Ilyine, qui était opposé aux eurasistes. Mais Ilyine n’est pas un penseur original. Il n’a rien prédit. D’un point de vue philosophique, il est nul. D’ailleurs Poutine n’est pas anticommuniste comme l’était Ilyine. Bref, la promotion d’Ilyine n’a qu’un rôle technique, interne : c’est une pensée primitive pour des gens primitifs”, les serviteurs du pouvoir. Troisième niveau, que Douguine tire de sa fréquentation des ouvrages de Parvulesco et des projets européens de Jean Thiriart, “Poutine veut réaliser une union des royaumes chrétiens européens” sur un modèle prétendument proposé par le philosophe russe Vladimir Soloviev. Il s’agit d’une “utopie conservatrice” selon laquelle les anciens royaumes européens, retrouvant leur identité chrétienne, s’uniraient pour “lutter contre l’Antéchrist”, mais “sous le contrôle stratégique de la Russie”.

Selon Douguine, un quatrième niveau est plus essentiel. C’est l’eurasisme. En effet, “cette doctrine n’est pas une idéologie parmi d’autres. Elle hérite de la tradition slavophile, surtout des slavophiles de la deuxième génération comme Leontiev, Danilevski ou encore Dostoïevski. Mais les eurasistes sont plus cohérents que les slavophiles. Ils étudient la civilisation russe de manière plus logique et rationnelle. Surtout, l’eurasisme touche le nerf le plus profond de l’histoire russe. Il intègre ce qu’il y a de commun dans l’histoire blanche et rouge, monarchique et socialiste du pays”. Il réconcilie les différentes périodes de l’histoire du pays. “Aujourd’hui, l’eurasisme prend toute son actualité dans la confrontation grandissante entre l’Occident atlantiste et l’Eurasie”, selon Douguine. Poutine mêlerait tous ces ingrédients, sans oublier un “réalisme sur le plan international qui lui a par exemple permis d’élargir sa zone d’influence en s’emparant opportunément de la Crimée”. Sur le plan politique et stratégique, “Poutine entend construire un empire eurasien” contre l’influence américaine. “Avant trois ans, il s’emparera d’une partie de l’Ukraine, celle qui se trouve sur la rive droite du Dniepr.” Quant à l’Ukraine occidentale, qui gardera Kiev pour capitale, elle ne pourra “jamais incarner un État”. Il ne lui restera qu’à devenir “une zone folklorique de l’identité ukrainienne”, mais sans au cune indépendance politique.
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Poutine n'est pas, au fond de lui, un libéral. Saint-Pétersbourg n'est pas uniquement la capitale européenne de la Russie. C'est aussi la cité du pouvoir impérial et de l'autorité hiérarchique. Kant, pour Poutine, est surtout un mot de passe pour amadouer les dirigeants européens. La philosophie personnelle de l'homme Poutine, outre son attachement à la grandeur soviétique, ne vient ni de Paris ni de Berlin … mais du Japon. L'un des vecteurs de la popularité de Poutine en Russie mais aussi à l'étranger, est sa pratique du judo. Ancien champion de Saint-Pétersbourg, il a largement diffusé ses photos en kimono, où on le voit puissant, concentré, agile. En 2000, Poutine déclare que le judo « n'est pas seulement un sport, mais aussi […] une philosophie ». Il le répète en 2013 : « Le judo unit en soit des techniques de combat uniques et une philosophie originale et profonde » qui « éduque les meilleures qualités humaines ». Lesquelles ? Dans un entretien avec des journalistes japonais, il rappelle que le mot judo signifie « voie de la souplesse. […] C'est une philosophie qui préfère l'évolution à la révolution ».
[…]
Poutine agit ainsi dans les premières années de sa présidence. Il approche tous les partenaires possibles, à l'est comme à l'ouest. Il leur montre son respect et attend de voir leur réaction. La voie de la souplesse consiste donc d'abord à donner confiance à l'autre, à l'observer, à scruter sur quelle force il pourra s'appuyer pour le déséquilibrer.
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D'ailleurs, dans la lutte grandiose entre monde capitaliste et monde communiste, résume un autre de ces Soviétiques moyens interrogés par Svetlana Alexievitch [Cf La fin de l'homme rouge], « Il n'y a pas de frontières entre l'état de paix et l'état de guerre. Nous sommes toujours en guerre. »
Ayant grandi, quelques années après la fin du conflit, dans la « ville-héros » [Saint-Pétersbourg] dont la mémoire demeure intouchable, Vladimir Poutine est l'enfant de ce militarisme du quotidien. Il n'a pourtant pas combattu. Il est né après la Seconde Guerre mondiale, n'a pas participé à l'invasion de l'Afghanistan entre 1979 et 1989. Durant le premier conflit tchétchène (1994-1996), il est déjà un fonctionnaire haut placé. Quant à la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999, c'est lui qui la déclenche. Vladimir Poutine est d'autant plus martial qu'il n'a jamais connu la guerre. S'il aime à projeter l'image d'un héros viril, c'est qu'il est hanté par elle.
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La politique d’endiguement de la Russie, qui a continué au XVIIe, au XIXe, au XXe siècle, se poursuit aujourd’hui. On essaie toujours de nous repousser dans un coin parce que nus avons une position indépendante, parce que nous la défendons, parce que nous appelons les choses par leur nom et ne jouons pas aux hypocrites. Mais il y a des limites. Et en ce qui concerne l’Ukraine nos partenaires occidentaux ont franchi la ligne jaune. Ils se comportés de manière grossière, irresponsable et non professionnelle.
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