L'eau, la substance la plus fluide au monde, et qu'on peut enfermer dans un petit bocal, n'est faible qu'en apparence. En réalité, elle peut pénétrer les matières les plus dures.
Je suis comme l'eau, je me répète. Je coulerai, je ne m'écraserai pas.
Avec un peu de nourriture et d'amitié, on peut aller loin.
Le poids que je porte depuis longtemps sur mes épaules me semble soudain encore plus écrasant.
On veut me mettre à terre.
En traversant la cour, je sens sur moi le regard des autres enfants. Peut-être parce que leurs vêtements sont lavés et repassés chaque jour, au contraire des miens. Peut-être parce qu’ils perçoivent les gargouillements de mon ventre affamé. Peut-être parce qu’ils savent qu’en réalité, je ne vais au collège que pour pouvoir manger.
Iles étaient persuadés que mon corps leur appartenait, et je savais pertinemment que ce n'était pas le cas. C'est grâce au kung-fu que j'en ai pris conscience. Le kung-fu m'a appris que mon corps faisait ce que je lui disais de faire. Qu'il m'écoutait, moi, et personne d'autre.
Elle m’a ouvert les yeux sur tellement de choses ! Elle me dit que les femmes sont puissantes. Qu’elles peuvent gagner elles-mêmes leur vie sans dépendre des hommes. Tout ce qu’il faut, c’est une éducation et du cran.
Mon avenir est un endroit brumeux, inconnu, peuplé d’ombres menaçantes. Mes actes risquent aussi de sceller le destin de mes sœurs cadettes, Chotu et Sania.
Je veux être quelqu’un. Je veux me battre et m’envoler. Je veux gagner. Comme Rini Di, je veux avoir le courage d’exiger une vie sans peur.
Mes seules perspectives sont de me marier ou de me prostituer. Uniquement parce que je suis une fille.