AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070293063
Gallimard (30/05/1975)
3.58/5   6 notes
Résumé :
La narratrice, atteinte du mal de Pott, envoyée à Berck, a vécu en profondeur sa terrible maladie et l'a supportée avec une extraordinaire lucidité et une intense vitalité. Elle relate les étapes de sa souffrance et nous dévoile les drames des allongés, ses compagnons dont les existences mutilées restent malgré tout vivantes et enrichies par l'épreuve.
Que lire après Les allongésVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'Imaginaire Gallimard réédite Les Allongés, roman de Jeanne Galzy (1883-1977) qui a obtenu en 1923 le prix Femina. L'auteur a été reconnue en son temps, à la fois par le public et par la critique.
Les Allongés raconte son internement dans un centre de Berck pour soigner sa tuberculose osseuse. de nombreux patients séjournent dans cet endroit, allongés sur des chariots (gouttières), ce qui donne à voir un spectacle étonnant et morbide. Parmi ces malades, la narratrice (double de l'auteur) se sent presque privilégiée parce qu'elle a encore l'usage de ses jambes. Elle raconte la vie à la Maison des Sables, où les patients attendent la guérison ou la mort, en vivant coupés du monde.

À plusieurs reprises, l'auteur fait comprendre que cette réclusion est une chance — une chance de reprendre son souffle puisqu'elle a passé sa vie à aimer une femme, la célèbre Caroline-Eugénie Segond-Weber (1857-1945), sans véritable réciprocité. Nous ne savons pas grand chose de leur relation, mais cette femme de seize ans son aînée était mariée et a peut-être entretenu une simple amitié avec elle. On imagine aisément, à travers quelques phrases qui échappent à la narratrice, ce que ses sentiments ont provoqué comme mal en elle.

Selon le principe de la collection, le texte est précédé de deux préfaces : celle de Monica Sabolo et celle d'Alice Zeniter. Cette dernière met l'accent sur le fait que Jeanne Galzy était lesbienne et qu'il n'était pas facile à l'époque de l'assumer publiquement (chose qu'elle a faite en 1971 dans une émission de radio où elle a parlé de son amour pour la comédienne, déjà morte depuis presque trente ans... pas ouvertement mais, comme l'écrit Alice Zeniter, comme étant "une grande admiratrice", avant de se lancer dans un récit de sa vie si plein de détails et de tendresse qu'il était évident qu'elle en était amoureuse.)


On se demande ce qu'a pu être la vie de Jeanne Galzy, fidèle au souvenir de cette femme... et on aurait aimé qu'elle en fasse le récit. Les dernières pages des Allongés sont belles, et elles reviennent sur ce moment où la malade va être libérée et va devoir se confronter de nouveau à sa vie, à la "vraie vie", aussi, sans doute, à sa passion pour celle qui ne l'aime pas... et cette idée de replonger la terrifie, plus que la maladie.

Le livre est illustré des gravures d'Andrée Sikorska, et il est dédié "à la mémoire de la tragédienne Segond-Weber"...

Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
Commenter  J’apprécie          40
Il faut lire et relire Jeanne Galzy, et ce livre, bouleversant, qui la fait entrer dans le groupe diffus des écrivains qui ont vécu ou écrit sur la tuberculose.
Omniprésente dans la première moitié du XXème siècle, jusqu'aux lendemains de la guerre 40-45.
Comme Katherine Mansfield ou Robert Sabatier, par exemple... (Trois sucettes à la menthe...)

Mais il s'agit ici du mal de Pott, la tuberculose des os, qui se soignait dans les sanatoriums de Berck sur Mer. Une génération sacrifiée... Jeanne Galzy, qui était professeur à Montpellier, a dû s'arrêter et se soigner pendant environ un an...
Commenter  J’apprécie          40
La narratrice des Allongés est atteinte de la tuberculose osseuse et fait, comme beaucoup de malades à cette époque, un séjour à Berck pour guérir. Noter que le nom de la ville est « tabou », évoqué seulement à la page 96, au milieu du roman. Au passage, on reconnaît des endroits, comme le Casino, le Kursaal, qui existe toujours ; l'hôpital est désigné d'une métonymie et d'une périphrase en même temps : « la maison des Sables ». le récit oscille constamment entre le dit, car on parle tout de même beaucoup pour une action réduite, et le non-dit, car le nom de Berck n'est pas le seul à devoir être tu.
On peut facilement étendre la question à celle du non-lu, car les livres de Jeanne Galzy ne sont plus lus : je me suis quant à moi procuré d'occasion cette édition Gallimard de 1975, il y a plus de quarante ans. Pourtant, l'autrice a obtenu pour ce roman le prix Femina en 1923, elle a étudié à Normale Sup et a écrit toute sa vie, a même fait partie du jury du prix Femina. Je veux bien me risquer à quelques explications : elle a vécu l'essentiel de sa vie à Montpellier, éloignée des cercles littéraires parisiens ; elle était tout de même diminuée après sa tuberculose et n'a sans doute pas pu poursuivre la carrière dans l'enseignement qu'elle aurait eue autrement ; disons-le tout de go, c'était une femme. Possible. La suite, un peu longue, à l'adresse suivante.
Lien : https://thierrysidot.vivaldi..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Je ne dis pas tout. Je ne peux pas tout dire. La pudeur de nos corps s'est abolie. Il reste encore celle de nos âmes. Il reste que c'est là encore, même pour nous, le refuge ultime des préjugés qui, dans l'ordinaire vie, murent les êtres dans la solitude de leur cœur. Nous n'osons pas. Je n'ose pas lui dire : "J'ai agonisé des semaines et des semaines, des mois et des mois. J'ai su ce qu'était l'amour non partagé et qui ne se renonce pas." Ni, en baissant la voix encore plus, sentant la pauvre humaine misère de ce qu'il me faudrait avouer, je ne lui dis que mon corps a souffert d'une autre douleur dévorante ; je ne dis pas le pitoyable mal, aussi fatal que les autres maux de la chair, et que, même aux heures les plus confiantes, nul être n'ose confier à un autre être.
Commenter  J’apprécie          20
Page 180 de l’édition d’avril 2023 chez L’imaginaire Gallimard
Demain un seul être sera-t-il mon seul royaume, ou plutôt serai-je à moi-même mon misérable royaume, désirant ma seule joie et mon seul rassasiement ? Oublierai-je dans des bras humains ce que j’ai vu ici de mes yeux pitoyables, et rechercherai-je encore - après avoir rêvé d’être moi-même le refuge -, rechercherai-je faiblement l’asile frêle d’une épaule et dormirai-je dans ma joie sans entendre jamais plus le monde gémir de douleur ?
Commenter  J’apprécie          10
La souffrance est sans doute nécessaire au monde, mais quelle injustice dans le choix des élus !
Commenter  J’apprécie          80
Le son d’un violon rallume en eux tout ce qu’ils avaient mis des mois et des mois à éteindre… Ô misère de nos faiblesses ! Que sommes-nous pour qu’une corde qui vibre détruise l’œuvre patiente et volontaire, et qu’un renoncement fléchisse parce qu’un orchestre répète, sur une plage, les mélodies voluptueuses et mélancoliques qu’on joue partout dans les villes d’eau ?
Commenter  J’apprécie          10
Il oublie que je porte en moi sans doute tout un monde ignoré de joies ou de peines. Et il fait bien de l’oublier, car tout s’est éloigné de moi et, au moins pour cette minute, je ne suis qu’à lui, de toute ma compassion.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Jeanne Galzy (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jeanne Galzy
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Jeanne Neis Nabert 0:53 - Jeanne Galzy 1:24 - Anie Perrey 2:06 - Katia Granoff 2:45 - Louise de Vilmorin 3:32 - Yanette Delétang-Tardif 4:31 - Anne Hébert 5:13 - Générique
Vous aimerez peut-être : QUI NYMPHE, QUI MADONE #12 : https://youtu.be/_wcvfKF95-A QUI NYMPHE, QUI MADONE #11 : https://youtu.be/UGX87mD2NRE QUI NYMPHE, QUI MADONE #10 : https://youtu.be/gpR3cP7lxR4 QUI NYMPHE, QUI MADONE #8 : https://youtu.be/¤££¤42Louise de Vilmorin36¤££¤ QUI NYMPHE, QUI MADONE #7 : https://youtu.be/bPexQr8zYWY QUI NYMPHE, QUI MADONE #6 : https://youtu.be/IKim_loBAbs QUI NYMPHE, QUI MADONE #5 : https://youtu.be/p1ZeL66gnaY QUI NYMPHE, QUI MADONE #4 : https://youtu.be/yos¤££¤45PoèmesDeFemmes57¤££¤ QUI NYMPHE, QUI MADONE #3 : https://youtu.be/D_5987PxJRU QUI NYMPHE, QUI MADONE #2 : https://youtu.be/wGvAEiMIJ2k QUI NYMPHE, QUI MADONE #1 : https://youtu.be/2eLyH8-CM68 Femmes écrivains : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8qhOvXJDXpE1fe92htazYwn
Références bibliographiques : Alphonse Séché, Les muses françaises, anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891), Paris, Louis-Michaud, 1908. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016. Jeanne Galzy, J'écris pour dire ce que je fus…, poèmes 1910-1921, Parthenay, Inclinaison, 2013. Katia Granoff, La colonne et la rose, Paris, Seghers, 1966.
Images d'illustration : Jeanne Galzy : https://pierresvives.herault.fr/1377-jeanne-galzy.htm Anie Perrey : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d2/Btv1b8596953w-p060.jpg Katia Granoff : https://www.antikeo.com/catalogue/peinture/peintures-portraits/katia-granoff-1895-1989-19219#gallery-1 Louise de Vilmorin : https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/louise-de-vilmorin-en-1962-supprimons-la-circulation-automobile-20191225 Yanette Delétang-Tardif : https://www.memoiresdeguerre.com/2019/03/deletang-tardif-yanette.html Anne Hébert : https://artus.ca/anne-hebert/
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty Uncertainty by Arthur Vynck
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (25) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1744 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}