Les sanglots longs de Montepuccio des Sorta Mascalzone
Blessent mon coeur D'une langueur Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure,
Je me souviens Des jours anciens Et je pleure
Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte
Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.
aurait murmuré Carmela Scorta sur le point de mourir, petite-fille de Luciano Mascalzone Scorta et fille de Rocco Sorta, les pestiférés de Montepuccio; Elle qui a tant couvé ses trois frères Scorta, Domenico, Guiseppe et Rafaelle l'adopté et qui n'a pu assouvir son rêve d'Amériques.
Laurent Gaudé, français de nom mais italien d'écriture, au moins pour le « Soleil des Sorta », nous délivre une véritable fresque sur plusieurs générations de cette famille Scorta qui traine comme un boulet attaché au pied la sale réputation du patriarche des Sorta.
L'auteur nous dépeint cette Italie du sud, écrasée sous le soleil, immaculée d'oliviers surplombant cette mer azur, barrière naturelle aux migrants rêvant d'une vie meilleure en Europe de l'ouest.
Le début du roman est magnifiquement écrit et le lecteur est happé par ce sentiment de répulsion mutuelle entre les Scorta et leur village Montepuccio. Vous pourrez découvrir la saga familiale et son destin lié aux hommes d'église, quelque soit l'époque et l'incarnation du serviteur de Dieu à Montepuccio.
Des très beaux écrits, sur terre ou sur mer, hormis quelques longueurs dans la partie médiane du roman, ont ravivé les merveilleux moments que j'ai passés en Italie, à Rome ou sur la côte Amalfitaine notamment. Merci Monsieur Gaudé pour cette lecture à la fois chaude, belle, triste et forcément dramatique.
J'espère que
Paul Verlaine ne m'en voudra pas d'avoir carmélisé son poème monté de feuilles mortes.
PS : Si vous avez des coups de coeur se déroulant en Italie, notamment à Rome ou à Naples, je vous serai reconnaissant de me les faire parvenir par message ou commentaire. Bien à vous.