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sur 6775 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Me revoilà dans les pas de Laurent Gaudé, sur la piste pesante du Soleil des Scorta.
Nous retrouvons là le ton pesant, lourd de sens, si intense, qui était déjà présent dans La Mort du roi Tsongor. L'auteur décrit la destinée particulière des Scorta, clan bâtard du fin fond de l'Italie du XXe siècle. Si le pitch n'est pas des plus bandants, le style estampillé Gaudé nous fait remonter la barre plus haut que je ne l'espérais au vu des premières pages, je l'avoue. J'avoue aussi que cette dernière phrase sonne un peu sale, mais j'ai finalement l'impression de rester dans l'ambiance chaude, sensuelle et tendue que dépeint l'auteur. Par l'entremise de cette contrée, de cette Montepuccio et de ces familles que l'auteur semble si bien connaître, il nous délivre de fortes réflexions sur la mort, le sens de la famille et l'importance de la transmission entre les générations : d'une certaine façon, comme dans La Mort du roi Tsongor, c'est sur le poids de l'héritage familial que Laurent Gaudé nous fait intensément réfléchir. Si intensément qu'à l'image de la mort pour la plupart des Scorta, la fin du Soleil des Scorta survient comme une délivrance exutoire, où le malaise côtoie une forte envie de transmettre, nous aussi, ce que nous avons pu apprendre de la vie jusque là.

Un roman qui m'a touché donc, et il me semble bien que c'est, par la même occasion, le premier Goncourt que je lis (il faut bien un début à tout) ! Mérité, il faut le reconnaître.

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Je découvre l'écriture de Laurent Gaudé avec ce beau roman.
Mon plaisir de lecture a été associé à un plaisir visuel, puisque j'ai lu le livre de la sublime édition Tishina, que j'avais connu avec le roman Soie d'Alessandro Baricco.
Ici, l'intensité des couleurs des dessins de Benjamin Bachelier illustrent bien l'environnement de cette histoire emplie de chaleur à tout point de vue.

La chaleur du soleil d'un village du sud de l'Italie, alliée à l'ambiance chaleureuse d'une famille que l'on suit sur plusieurs générations. L'ignominie comme base pour cette lignée, ils vont devoir se battre pour sauver leur réputation et leur fierté.
A travers ses personnages, l'auteur évoque brillamment plusieurs thèmes comme la pauvreté, l'entraide, le partage, les espoirs, les réussites, les déceptions et les regrets.
Au fil de l'histoire, notamment avec le personnage de Carmela, la soeur Scorta, on se rend compte du temps qui passe.
C'est à travers ses confessions que l'on plonge dans les souvenirs qui marquent la destinée de chaque individu de cette modeste famille.
L'auteur fait réfléchir sur de la beauté des choses lorsque tout est à construire, car tout finit si vite. On suit ses personnages qui se battent pour tenter de vivre leur vie au plus haut point qu'elle peut atteindre.

« Oublie la chance. Oublie le sort. Force-toi ! Jusqu'au bout. »

La puissance d'une fratrie comme symbole de leur richesse pour surmonter les épreuves.
Des vies humbles pourtant pleines de souvenirs à transmettre.
C'est dans cette histoire profondément humaine que l'auteur partage avec nous les mémoires de ces âmes unies qui ne souhaitent au fond qu'accéder au bonheur.
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Les sanglots longs de Montepuccio des Sorta Mascalzone

Blessent mon coeur D'une langueur Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure,
Je me souviens Des jours anciens Et je pleure
Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte
Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.

aurait murmuré Carmela Scorta sur le point de mourir, petite-fille de Luciano Mascalzone Scorta et fille de Rocco Sorta, les pestiférés de Montepuccio; Elle qui a tant couvé ses trois frères Scorta, Domenico, Guiseppe et Rafaelle l'adopté et qui n'a pu assouvir son rêve d'Amériques.

Laurent Gaudé, français de nom mais italien d'écriture, au moins pour le « Soleil des Sorta », nous délivre une véritable fresque sur plusieurs générations de cette famille Scorta qui traine comme un boulet attaché au pied la sale réputation du patriarche des Sorta.
L'auteur nous dépeint cette Italie du sud, écrasée sous le soleil, immaculée d'oliviers surplombant cette mer azur, barrière naturelle aux migrants rêvant d'une vie meilleure en Europe de l'ouest.

Le début du roman est magnifiquement écrit et le lecteur est happé par ce sentiment de répulsion mutuelle entre les Scorta et leur village Montepuccio. Vous pourrez découvrir la saga familiale et son destin lié aux hommes d'église, quelque soit l'époque et l'incarnation du serviteur de Dieu à Montepuccio.
Des très beaux écrits, sur terre ou sur mer, hormis quelques longueurs dans la partie médiane du roman, ont ravivé les merveilleux moments que j'ai passés en Italie, à Rome ou sur la côte Amalfitaine notamment. Merci Monsieur Gaudé pour cette lecture à la fois chaude, belle, triste et forcément dramatique.

J'espère que Paul Verlaine ne m'en voudra pas d'avoir carmélisé son poème monté de feuilles mortes.

PS : Si vous avez des coups de coeur se déroulant en Italie, notamment à Rome ou à Naples, je vous serai reconnaissant de me les faire parvenir par message ou commentaire. Bien à vous.
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Ce livre commencé sans enthousiasme, j'ignore si cela tenait à la couverture ou au titre qui me faisaient supposer une histoire de famille vaguement mafieuse, sujet rebattu et donc sans grand relief à mes yeux, je l'ai dévoré, passionnée par cette saga familiale.

Racontée par la vieille Carmela, la fille de Rocco, premier de la lignée de la famille, né au village de Montepuccio dans Les Pouilles, l'histoire des Scorta est celle d’un clan uni qui se suffit à lui-même. Craint par les étrangers pour sa réputation de violence, il tire sa cohésion et assure sa pérennité de la fierté et d’un savoir intime, ses seules richesses transmises d’une génération à l’autre.

Un roman solaire où Laurent Gaudé a su saisir le plus profond des hommes, leurs passions, leur orgueil, leur solidarité face à la misère et aux coups du sort.
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Dernière présentation de ma dernière lecture de l'année. Elle sera brève...2021 n'est pas loin (sourire).
- le soleil des Scorta - se veut être une fresque, une "saga familiale" qui débute à la fin du XIXème siècle pour s'achever à la fin du XXème.
L'intrigue est finement cousue, brodée au soleil des Pouilles, dans le petit bourg de Montepuccio ( sud de l'Italie ).
Outre le style lumineux de son auteur, on a véritablement l'impression à la lecture de ce roman, d'avoir affaire à un Brancati, à un Cassola, à un Ledda, un Lampedusa ( en mode "mineur"), à une Morante ou à un Verga ( toujours en mode "mineur")... bref, à un auteur italien... mes racines ne pourraient pas me trahir au point de dénaturer mes origines ( re-sourire )...
J'ai donc eu l'impression d'être dans le Mezzogiorno con dei "personaggi" veramente italiani in una storia scritta da un autore italiano.
Maîtrise parfaite du sujet, des lieux, des personnages, des us et des coutumes... dans une langue solaire.
Qu'attendre de plus ?
Que cette fresque sur un siècle ne se déroule pas en accéléré.
Ou Gaudé a délibérément opté pour une accélération du temps pour bien nous faire mesurer la fuite hâtée de nos brèves existences, "ces brefs instants de clarté entre deux éternités de ténèbres" ou il est allé trop vite là où d'autres auteurs auraient accordé à ladite fresque quelques centaines de pages supplémentaires...
Le débat reste ouvert...
Je finis l'année sur un livre irradié de lumières, de couleurs, de goûts,de saveurs, de parfums, de vies appartenant " à la lignée des mangeurs de soleil, à l'appétit insatiable, que rien ne rassasie, cette lignée en proie au désir éternel de manger le ciel et de boire les étoiles" pour mieux botter le cul de cette mort importune, dont on sait que si elle finit par l'emporter, ce ne doit pas être sans concessions.
Ces concessions, elles ne sont nôtres qu'à condition de les vouloir, aussi petites soient-elles. "À nous de savoir tirer parti de l'éternité d'une olive !"
Un Goncourt qui honore le Prix.
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C'est une histoire universelle, qui se passe dans un coin perdu du Sud de l'Italie. Là où les hommes, comme les olives, deviennent éternels à force de se succéder.
En 250 pages, Laurent Gaudé raconte une saga familiale sur cinq générations, mais sans le côté souvent "gnangnan" du genre. Ici, on vise l'épure car on est chez les maudits, ceux qui violent les lois mais conservent un sens de l'honneur, ceux qui parlent peu mais ressentent beaucoup. A l'aridité et l'ardeur des personnages, répondent celles du paysage et du soleil, ce qui n'empêche pas le lecteur d'être parfois saisi par une vague d'émotions inattendues au détour d'une phrase.
L'écriture est belle, simple et pure. Laurent Gaudé va droit au but. Au final, c'est un roman qui raconte ce qu'est être un homme ; c'est à dire pas grand-chose et énormément à la fois. C'est le genre de livre qui, l'air de rien, plante un brin de laurier dans le coeur -quitte à le faire saigner un peu. Mais c'est une égratignure de bonheur.

(Merci à Marc pour sa ténacité.)
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Un récit aux mille sensations olfactives, gustatives, aux mille sentiments : comment ne pas éprouver à la fois, terreur, haine, admiration et respect pour cette famille des Scorta et tout particulièrement La Muette et ses enfants.

Un livre qui nous parle d'une région pauvre de l'
Italie, de la porte d'entrée de l'Amérique - Ellis Island - de la traversée de l'Atlantique pour ces migrants du début du vingtième siècle.
Un livre qui parle de serment, de tradition, d'engagement fraternel, des liens d'une famille, d'espoirs sans cesse renouvelés face à la dureté de l'existence.


J'ai aimé l'atmosphère de ce roman mais je ne veux rien en dévoiler, il faut y pénétrer à son propre rythme : pour un peu, on se verrait assis sur une chaise en paille dans un coin de la pièce ou d'un paysage aride, invisible, juste là pour toucher le secret des Scorta et respirer l'odeurs des oliviers.


Ma première participation au Club de Lecture de Babélio : une réussite. Merci pour cela !

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Presque pas un livre, un état d'esprit, plus exactement un état d'esprit de famille, mais une famille pas comme les autres.
Les Scorta sont nés dans la violence et la misère. Ces gènes semblent resurgir d'une génération à l'autre comme un fardeau, une malédiction. Ce livre est l'histoire de cet héritage.
Montepuccio est un village de "culs terreux" où il ne fait pas bon se distinguer que l'on soit prêtre ou Scorta. La justice populaire n'a pas de mesure.
Laurent Gaudé défend cet art de vivre dans la sobriété et la tradition. Mais certaines traditions sont cruelles et le passé est pesant quand on vit dans le même bled depuis si longtemps.

J'ai aimé son attachement à la région des Pouilles, criant à chaque page.
J'ai aimé ce soleil brûlant omniprésent qui fissure les pierres et chauffe les tombes.
Mais, passée la première génération, je n'ai pas senti la même tension avec les descendants.
Il faut dire que Rocco ne vivait pas que d'huile d'olive et d'eau fraîche.
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"Les olives sont éternelles. Une olive ne dure pas. Elle mûrit et se gâte. Mais les olives se succèdent les unes aux autres, de façon infinie et répétitive. Elles sont toutes différentes mais leur longue chaîne n'a pas de fin. Elles ont toutes la même forme, la même couleur, elles ont été mûries par le même soleil et ont le même goût. Alors oui les olives sont éternelles. Comme les hommes."

Ce parallèle hasardeux nous révèle que toute vie ne trouve de sens que dans ce qu'elle perpétue. Ce qui la porte. L'olive perpétue l'olivier. L'homme perpétue la famille. Cette réflexion, c'est un Scorta qui la fait au curé du village, Don Salvatore, quand tous deux sont parvenus au crépuscule de leur vie. Il n'est pas question de confession. Un Scorta n'a pas besoin du secours de Dieu. Un Scorta se débrouille tout seul, y compris pour envisager sa sortie.

Un Scorta a sa fierté. Il ne doit rien à personne. Si l'on excepte ce qu'il a glané dans l'interdit ou l'illégal, au mépris de tous les dangers. Il faut bien vivre.

Un Scorta a son honneur. Celui d'appartenir à une famille respectée. Même si c'est parfois la crainte qui force le respect. L'honneur d'être enraciné dans un pays de pauvreté ou les coeurs ont l'aridité de la terre écrasée de soleil.

Avec ces "têtes de cochons", il est des silences qui en disent plus longs que les paroles. Et quand un Scorta se confie, c'est qu'il est au bord du tombeau. Une façon de lutter contre l'oubli. Car au travers de chacun de ses membres le nom de la famille ne fait que passer.

Dans le sud italien, les preuves d'amour sont rares. La main du père passée dans les cheveux de Carmela est-elle une bénédiction ou une malédiction ? Ou bien n'est-ce que le témoin qui franchit les générations ? Lorsqu'on a fait son temps, penser à ceux qui ont déjà franchi le passage et vous attendent rend l'idée de la mort plus légère. Et l'on trouve son réconfort dans le sentiment d'avoir fait vivre la famille.

Un roman qui a l'âpreté de la vie. Mais qui sait, peut-être que "les caveaux laissent parfois échapper leur occupants un court instant."


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Laurent Gaudé se montre sous son meilleur jour en tant que peintre impitoyable sous le soleil écrasant de l'Italie. Avec une écriture ciselée pétrie de poésie, il signe une saga familiale passionnante.

Aucun mot n'est superflu, comme pour mieux pouvoir s'immerger dans l'ambiance familiale des malheurs des Scorta.
Les Scorta c'est une lignée de vies écorchées, déracinées, en quête ou en rupture d'identité, qui essayent de se reconstruire malgré les fantômes du passé. Mélancolie, regrets, orgueil, leur quête est éternelle comme les oliviers des leurs terres chéries des Pouilles.

Le mot d'ordre c'est l'honneur d'être un Scorta et le devoir de transmettre à la génération future pas seulement un nom mais une légende.


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