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EAN : 9782266102933
219 pages
Pocket (02/03/2001)
3.56/5   100 notes
Résumé :
« Ma mère ne m'aimait pas. Ne m'avait jamais aimée, me disais-je certains jours. Elle, dont je guettais le sourire -rare- et toujours adressé aux autres, la lumière noire de ses yeux de juive espagnole, elle dont j'admirais le maintien altier, la beauté immortalisée dans une photo accrochée au mur où dans des habits de bédouine, ses cheveux sombres glissant jusqu'aux reins, d'immenses anneaux aux oreilles (...), elle, ma mère dont je frôlais les mains, le visage pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Une lecture ancienne... mais qui m'avait passionnée et mieux fait comprendre le parcours tumultueux de cette célèbre avocate, engagée avec fougue contre toutes les injustices. Une enfance auprès d'une mère hostile... Un récit où le mythe de l'"amour maternel" vole en éclats...

Un texte autobiographique de la célèbre avocate... offrant le portrait d'une mère à la forte personnalité mais pas aimante... qui surtout... aurait voulu une fille soumise, dans un rôle féminin traditionnel... Parfois, il n'y a pas pire "machistes".et "ennemies des femmes", que les femmes elles-mêmes..

Heureusement, Gisèle Halimi, déjà enfant, avait un caractère "trempé"... et savait surtout ce qu'elle voulait : agir, être autonome, indépendante... et échapper à cette condition féminine réduite à une sorte "d'asservissement" , de silence !! ...et surtout et avant tout, se battre pour réduire, lutter contre toutes formes d' injustices...Son autre récit "Le lait de l'Oranger"... complète ce texte autobiographique...en rendant hommage à son père, adoré et tant regretté...
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Ce livre me contemplait depuis cinq ans au minimum, juché sur l'une des étagères de ma bibliothèque (offert par une amie à l'occasion d'un anniversaire, elle ne pouvait savoir combien j'étais troublée et terrifiée à l'idée de le lire).

En effet, compte-tenu du contexte et du sujet, je ne me sentais pas prête à le lire. Alors, pourquoi à présent ? Je dirai que je trouve seulement maintenant le courage d'affronter une pareille question.

Aujourd'hui, je referme la dernière page de ce livre en pensant que décidément cette grande Dame avait tous les courages.

Ceux que tout le monde, ou presque, connait, concernant ses combats en faveur des femmes. Cette féministe convaincue, cette socialiste dans l'âme sera de toutes les batailles. A commencer par la décolonisation et la défense de certains membres du FLN en Algérie, notamment, Djamila Boupacha en tant qu'avocate. Celle du droit à l'avortement avec l'adoption de la loi Veil, de la défense des femmes violées ; ses procès ultra-médiatisés la rendront célèbre.

Mais aussi, le courage de remettre en cause ce qui semble « acquis » pour tout le monde, à savoir, l'image de la mère et l'amour dont elle est censée fait preuve envers et contre tout, le fameux « instinct maternel ».

Ce sera une quête de reconnaissance qu'elle mènera toute sa vie et qui restera à jamais sans réponse.

Je me demande alors, dans quelle mesure les sentiments de rejet et d'abandon, voire de reniement, ont influencé la personnalité et les engagements de Gisèle Halimi ?

Il semble que ma question soit pertinente et même fondamentale puisque Wikipédia y répond de la manière suivante : « Fritna, aurait-été la source de toute la démarche de Gisèle et ceci afin que les femmes ne lui ressemblent pas ».

En fait, cette autobiographie ne comporte qu'une seule et même question : Pourquoi ma mère ne m'aimait-elle pas et ne m'avait-elle jamais aimée ? Tout le livre n'est que variations autour de ce thème. Comme autant de preuves qui viendraient étayer et confirmer sa théorie. Une quête sans fin du pourquoi et du comment.

Elle commence par sa naissance où elle nous conte la déception parentale qu'elle soit née « fille » dans une société, une période, un pays où le patriarcat n'est pas une vue de l'esprit et pèse plus qu'une pierre tombale.

Puis défile son enfance, la Tunisie, La Goulette, Tunis, la France, Nice, Marseille, Paris. Elle évoque ses origines juives (Séfarade pour sa mère, berbère pour son père), son éducation rigide, son rapport à sa soeur et à ses frères auxquels elles semblent subordonnées. Ses révoltes (grèves de la faim entre autre pour l'égalité avec ses frères et le droit aux études).

Elle évoque aussi le rapport de sa mère avec sa soeur ; avec ses frères vers lesquels vont toutes les préférences. Elle endure cela comme autant d'insultes à sa personne et les remarques et réprimandes comme autant de blessures personnelles. Mais surtout elle souffre de ne pas « exister » aux yeux de Fortunée quoiqu'elle fasse. (Ces yeux noirs de jais, si vivants qui viraient au gris glacé lorsqu'il s'agissait de ses filles).

On peut se demander quelle est la part « d'interprétation » dans ce tableau. Fritna n'était-elle tout simplement pas démonstrative ? pas « tactile » dirait-on aujourd'hui ? Mais finalement, peu importe, c'est ce qu'il en résulte qui compte. Et le résultat c'est que Gisèle se sentait rejetée. Ça conditionne une vie ça !!!

D'aucuns diront que la petite Gisèle était un peu « parano » ou qu'elle se faisait des films ? Qu'il est (probablement) impossible qu'une mère n'aime pas sa fille. L'amour maternel est un sentiment inné, viscéral. Enfin, le sujet est « tabou » en quelque sorte. Beaucoup ne comprenne même pas cette question.

A ceci près que la soeur de Gisèle a ressenti la même chose au point que non seulement elle s'enfuira de la maison mais elle ne se rendra pas non plus à l'enterrement de sa mère malgré les années qui seront passées. Et c'est là que je note la résilience de Gisèle.

Enfin, s'il fallait trouver sinon des excuses mais au moins une explication à un tel comportement, je dirais qu'il faudrait remonter bien en amont de cette histoire et déduire que Fritna aura peut-être souffert elle-même d'un manque d'amour de la part de sa propre mère (sans qu'elle ne se pose la question) et qu'elle n'aura fait que reproduire involontairement le schéma avec ses filles (notez bien, avec ses filles et pas les garçons). Car enfin (et cela je le tire de ma propre expérience) les parents jusqu'à une époque pas si lointaine étaient là pour se faire respecter et non pas aimer et se faire aimer.

Il ne faut pas perdre de vue qu'à l'époque et jusqu'en 68 environ et même bien au-delà, une femme était dépendante toute sa vie (mineure en quelque sorte), de ses parents d'abord, puis de son mari et de ses fils en cas de décès du mari. Soumise à la tutelle d'un homme, toujours, jusqu'à sa mort. Gisèle aura passé sa vie à s'en affranchir. Ce fut son crédo, sa raison de vivre.

Un mot, quand même, de son père, qu'elle a révéré, admiré et qui l'aimait pour deux et même plus. Mais ça n'a pas suffi. Il s'en est allé trop tôt et le non-amour maternel prenait tellement de place… un océan impossible à combler.

Il y avait donc deux solutions : soit l'enfant perdait confiance et estime de soi et passait sa vie à s'excuser d'exister, trainant son insatisfaction de lui comme un boulet ; soit il avait un caractère suffisamment déterminé pour passer outre, se nourrir de révolte, cultiver sa différence et s'affirmer malgré tout (même si la blessure perdurait néanmoins au fond de lui).

Alors, pourquoi ce livre m'a particulièrement touchée ? Pourquoi je me noie dans cette non-réponse ?

D'une part parce que je voulais mieux connaitre la femme que j'admirais, la comprendre au travers de sa vie, une partie de sa vie, la première, son enfance. Comprendre ce qui pouvait sous-tendre ses actions, ses engagements, ce qui avait pu forger cette détermination. Et cette petite fille là m'a profondément émue.

Mais aussi parce que d'une part, le lieu (la Tunisie – où j'ai vécu aussi) m'a renvoyé à ma terre d'origine (La Corse) où les familles, méditerranéennes même de confessions religieuses différentes, vivaient sur cette même base d'un patriarcat ancré profondément sans remise en cause possible. Et le sujet, d'autre part, a une résonance particulière pour moi. Ses propres questionnements me renvoient aux miens auxquels je n'ai pas eu de réponse moi non plus (j'arrête-là la séance « psy », ça n'est pas le sujet).

En tout cas, quel que soit votre motivation pour cette lecture, je pense qu'elle est nécessaire, si ce n'est essentielle à la compréhension du personnage, de son évolution, de ses actions et de ses engagements.
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Cette lecture me laisse vraiment perplexe. J'ai l'impression, assez désagréable, d'être passée à côté de ce que Gisèle Halimi voulait partager avec son lecteur.

Car il est vrai que Fritna, sa mère, était distante, trop distante. Gisèle Halimi a beaucoup souffert de ce qu'elle appelle le non amour de sa mère. Pour ma part, je pense que sa mère l'a aimée, à sa façon, certes fort peu démonstrative. J'ai la sensation qu'elles sont passées à côté l'une de l'autre, ne sachant pas se comprendre.

C'est étrange de voir comme l'amour est si proche de la haine parfois. Dans son récit, Gisèle Halimi ressent vivement les deux (en cela le récit de la mort et de l'enterrement de sa mère est poignant).

Elle y laisse également libre cours à son amertume : envers Fritna - cette figure maternelle vacillante, envers la médecine ("De toute manière je n'aime pas les médecins. Non pas à cause de leur ignorance ou de leurs erreurs, nous sommes sans grande illusion."), envers les fonctionnaires parfois, envers les hommes bien-sûr. Je la trouve en cela très excessive et manichéenne. D'ailleurs ses fils, dont elle dépeint à maintes reprises les liens les unissant à Fritna et à elle-même, le lui reprochent assez, à leur manière.

A l'instar de l'auteur, la question qui m'a taraudé tout le long de ma lecture reste sans réponse au final, seule la question change : quand l'amour n'est pas démontré physiquement et verbalement, est-ce que cela signifie qu'il n'y a pas d'amour?
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Livre d'émotion mais aussi de violence où le mythe de l'amour maternel vole en éclats et où, malgré les substituts, se construit une personnalité en révolte contre l'injustice.
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Depuis toute petite fille, Gisèle Halimi ne s'est jamais sentie aimée par sa mère,Fritna,juive orthodoxe, fille de rabbin. D'après elle,ses frères ont eu l'admiration et la tendresse maternelle mais ni elle ni sa soeur.
Ce livre est un témoignage poignant de la recherche de l'amour maternel,des tentatives pour analyser, comprendre, surmonter le manque. Quand on connaît un peu les combats de Gisèle Halimi pour les droits des femmes et ses prises de position anti colonialistes,on peut dire que sa vie aura été une sublimation réussie de cette blessure originelle.
Alors qu'elle est l'image même d'une femme forte et intègre c'est de la petite fille dont nous entendons ici les cris de détresse ,de souffrance,la dénonciation de cette injustice primaire,(ne pas recevoir l'amour et le soutien de sa mère quand on est née fille, et donc n'avoir aucun modèle pour se vivre femme,).
L'analyse est précise et sans concession.
Je regrette seulement que dans ce livre elle effleure à peine ses relations ( sans problème,dit elle) avec les hommes , car je reste un peu perplexe à ce sujet.
J'ai beaucoup aimé ce livre ambivalent et je pense en lire d'autres de cette femme marquante.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Fritna, je l'aimais, et en avançant dans l'adolescence, je voulus la défendre. L'expliquer aux autres comme à moi-même. Son désamour m'avait déstabilisée, je dirais déracinée. Décrochée brutalement d'un repère que mon affectivité et mon intelligence continuaient d'exiger. Et jusqu'à sa mort je voulus savoir pourquoi. Comme si le non-amour avait une quelconque rationalité.
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Le principe selon lequel l'enfant est une personne et qu'il faut le traiter comme telle relevait d'une sorte de folie. Un enfant n'avait droit à aucune explication réelle. C'était un enfant, à former du mieux possible en grande personne, c'est tout. Et sans trop d'histoires.

Quand ma mère ou mon père me racontait à plusieurs reprises et complaisamment l'histoire de ma naissance: "Une fille ? Catastrophe ! Pendant trois semaines, nous avons caché ta naissance ..." [ ...], ils en se doutaient pas des dégâts qu'ils causaient.
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Fortunée avait-elle senti cette rupture d'avec tout ce qui était son univers, son éducation, son destin en somme, comme une rupture intime d'avec elle-même? Ma part de liberté, devrais-je la payer du deuil de son amour? Certes, si j'avais raison de me révolter, c'est qu'elle avait eu tort de s'être soumise. Pour elle, mes choix annulaient sans doute rétrospectivement sa vie. Et sa rigidité affective avait fait le reste.
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Je voudrais qu'elle parle. C'est plus fort que moi. Je m'étais promis, pourtant, de classer l'affaire. Archiver le dossier "La mal-aimée". Ce qui a donné forcément "la tordue", celle que l'absence de connivences, de gestes, de repères, de mots d'amour avec sa mère aura privée de moyens, d'aptitudes à la relation avec les autres. Qui, physiquement, plus que la mère, peut initier à la sensualité enfouie dans chaque enfant, à la force de la complicité, au bonheur de se croire unique pour l'autre ?

Je veux savoir. Je veux comprendre les raisons de ce rejet. Peut-être arriverais-je ainsi à minimiser les conséquences, à réécrire autrement mes années d'errance affective, de quête ininterrompue ?
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Dans nos discussions, qui souvent tournaient à l'affrontement, ma mère me jetait au visage, avec une certaine violence : "Tu n'as pas honte, moi qui ai tant fait pour toi (chaque fois, la même réaction en moi muette, intérieure, violente "sauf m'aimer, Maman !") Et tes enfants ? Tes enfants, je les ai élevés. Et, se tournant vers Edouard, "Elle les a abandonnés pour défendre les Arabes, en Tunisie et en Algérie."
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• Femmes puissantes : Anne Roumanoff nous confie qu'elle se sent de plus en plus féministe, Florence Foresti qui compare la cinquantaine à l'adolescence « mais avec une carte bleue », la championne Estelle Mossely qui veut mettre KO les clichés de la boxe féminine, l'hommage de Géraldine Nakache à Gisèle Halimi ou encore le combat d'Andréa Bescond contre les violences faites aux enfants. • Histoires de famille : Les parents sont souvent ceux que les artistes n'oublient jamais de remercier, ce fut le cas de Rachida Brakni en 2002 lorsqu'elle a été sacrée meilleur espoir féminin aux César. Dans son premier roman intitulé « Kaddour », elle s'adresse à son père disparu en 2020 et elle dresse son portrait, celui d'un déraciné.
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