Dans une note au lecteur en fin de son dernier livre «
Norferville »,
Franck Thilliez précise que cette ville est inventée de toutes pièces car, je cite, « En aucun cas je ne voulais que des gens de chair et d'os, finalement peu nombreux dans ces contrées lointaines et isolées, puissent s'identifier à certains de mes personnages peu recommandables »…
Bon ben voilà… Si comme moi vous allez d'abord voir les remerciements avant d'attaquer un roman, vous serez prévenus… Dans le cas contraire, vous plongerez dans cet enfer glacé et glacial sans y être préparé ☹
Dès les premières pages, le ton est donné : vous allez frissonner et pas seulement de froid…
Au fil des chapitres, l'atmosphère s'alourdit et la température descend jusqu'à l'évocation de cette « fumée de mer arctique », un voile de brume glissant parfois depuis la mer, tellement froid et inhospitalier que la survie n'y est possible que quelques très courtes minutes… quel que soit l'équipement ultra adapté dont vous disposiez !
Teddy est détective à Lyon ; Léonie est flic au Canada, métisse et originaire de
Norferville qu'elle a quittée sans regret à son adolescence…
Leurs routes vont se croiser lorsque Morgane, la fille de Teddy dont il a peu de nouvelles depuis le décès accidentel de sa mère, est assassinée et sauvagement mutilée dans cette ville du bout du monde.
Norferville est scindée entre les innus, parqués dans une réserve, et la population blanche dont l'essentiel travaille à la mine ou à la station hydroélectrique mais dont quelques-uns ont su tirer leur épingle du jeu… La police tient tout ce petit monde d'une poigne de fer… avec quelques accents répressifs en direction des autochtones ☹
Ce roman est fascinant par l'évocation de cette nature brute totalement inadaptée à l'homme et pourtant si attirante ! Si la ville est une invention sortie de l'imagination de l'auteur, les faits de ségrégation rapportés et d'exactions commises à l'encontre des populations indiennes du Nord-Québec sont malheureusement bien réels et avérés !
L'intrigue, assez simple au premier abord, se complexifie au fil des révélations mais il m'a manqué un peu de profondeur sur certains aspects pour être totalement séduite. Certaines pistes évoquées ne sont pas du tout approfondies, voire même immédiatement délaissées et je le regrette : le passé de Teddy, la disparition de son épouse et l'implication sur l'éloignement de sa fille, ses relations avec son associée et les déboires professionnels, … L'histoire de Léonie est plus détaillée. Peut-être que Franck T. envisage une suite à cette aventure dans le grand nord canadien, ce qui expliquerait les points laissés en suspens…
Quant au final, j'en ai deviné une bonne partie assez vite… Dommage ☹
Au milieu du livre, l'évocation d'une croyance indienne m'a instantanément ramenée à la lecture d'un excellent roman de
Sacha Erbel qui se déroule à la frontière du Canada et que je me permets de vous conseiller : « Eugène Terrefeu ». Un coup de coeur découvert à l'automne 2023. 😊
En conclusion, je dirais que
Norferville est un bon polar mais pas le meilleur de l'auteur à mon humble avis. A vous de vous faire votre propre opinion 😊