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Nathalie Lebailly (Éditeur scientifique)Matthieu Gamard (Éditeur scientifique)
EAN : 9782210755215
150 pages
Magnard (16/06/2008)
3.66/5   360 notes
Résumé :
" Ici vous trouverez le crime en son char de triomphe " (Corneille, Examen). Corneille met en scène en la personne de Médée une sorcière vindicative qui s'apprête à sacrifier ses enfants pour frapper l'homme qu'elle aime au plus intime de lui-même. Le génie et le souci de vérité de l'immense tragédien parviennent néanmoins à nous rendre humaine et quelquefois touchante cette " jalouse en fureur " inaccessible au remords. Injustement oubliée, cette magnifique réécrit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Je n'ai pas encore lu les versions de Médée d'Euripide et de Sénèque ; je ne peux donc pas comparer. En lisant la préface et l'examen par l'auteur (c'est systématique dans mon intégrale) j'ai cependant compris que Corneille, situé plutôt dans le camp des « modernes » opposé aux « anciens », a été « obligé » d'écrire une pièce se référant à la mythologie. Mais il l'a fait en prenant le parti d'effacer ce qu'il estimait être les incohérences des textes antiques, en les rationalisant en quelque sorte.

Mais de quoi parlons-t-on ici ? Médée est une magicienne séduite par Jason lors de la quête de ce dernier à la recherche de la toison d'or. Elle l'aide grandement à atteindre son but, allant jusqu'à verser le sang de sa famille (elle découpe son frère en morceaux quand même).
Tous deux trouvent asile à Corinthe. Là, Jason ‒ chez qui le mot fidélité résonne dans un vide abyssal ‒ craque pour Créuse, la fille du roi Créon, et l'attirance est évidemment réciproque. Il faut « seulement » écarter Médée. Comme si celle-ci allait se laisser faire. Médée, c'est Attila en femme : là où elle passe, l'herbe ne repousse pas. Créon et Créuse sont détruits parce qu'ils touchent un manteau de Médée qui a baigné dans un cocktail empoisonné dont on a perdu la formule. Pour désespérer Jason encore plus, elle tue elle-même les enfants qu'elle a eu avec lui (ses propres enfants, donc). Puis elle s'en va. Jason hésite entre la poursuivre et se tuer et finit par opter pour la deuxième solution.

C'est une pièce puissante dont la mélodie des vers est vraiment agréable à lire. A l'époque (c'est sa première véritable tragédie si on oublie Clitandre) Corneille ne fait pas trop d'effort pour respecter les unités de lieu et d'action. Il n'hésite pas à montrer de l'action sur scène.
On voit effectivement que l'auteur a fait des efforts pour expliquer des comportements plutôt bizarres, même si parfois ça fait flop – par exemple quand il explique que Créuse porte le manteau dont Médée lui fait don. Créuse aurait eu une passion totale pour ce manteau et aurait d »mandé à Jason de le lui offrir.
Moi je me serai méfié, sachant à qui j'ai affaire. Et on tombe là sur le problème principal du scénario : à qui a-t-on vraiment affaire avec Médée ? Elle se vante plusieurs fois d'être capable de déchaîner les éléments au point de pouvoir annihiler Corinthe. Elle serait aussi dangereuse qu'une bombe atomique. Pourtant, ses adversaires n'hésitent pas à l'exiler sans craindre son courroux ; ils la prennent de haut, la sous-estiment carrément.
Mais si elle est si puissante, pourquoi préfère-t-elle employer des méthodes sournoises pour se venger, alors qu'elle pourrait, selon elle, tout anéantir d'un geste ? Pourquoi cherche-t-elle un nouvel asile en portant assistance à Égée, roi d'Athènes ? Que peut-elle craindre vraiment ?
Mais si elle n'est pas puissante, comment fait-elle pour quitter la scène sur un char volant tiré par des dragons ?
Vous voyez, il y a un problème quelque part.
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Girlpower :
"MEDEE :
Et que peut contre moi ta débile vaillance ?
Mon art faisait ta force, et tes exploits guerriers
Tiennent de mon secours ce qu'ils ont de lauriers.
...
Adieu, parjure : apprends à connaître ta femme "
.
Avant que ne débute la pièce, tout un historique se déroule....
Eson, roi d'Iolcos (Thessalie grècque) est supplanté par son frère Pélias.
Jason, fils d'Eson, réclame son royaume. Pélias l'envoie quérir la Toison d'Or contre laquelle il lui rendra son royaume. Avec les Argonautes, il va en Colchide ( Mer Noire, rive Est) demander la Toison au roi Eetès. Il doit alors subir plusieurs épreuves pour l'obtenir. Médée, fille de ce roi, tombe amoureuse de Jason et l'aide à réussir les épreuves, ... ou plutôt, grâce à ses pouvoirs magiques, à voler la toison.
Jason, revenu avec la Toison, veut se venger de Pélias. Grâce à sa magie, Médée fait tuer Pélias par ses propres filles.
Bannis d'Icolos, Jason et Médée se réfugient à Corinthe ; ils vivèrent heureux et eurent deux enfants.
Seulement, c'est là que la tragédie de Corneille démarre :
au bout de dix ans, Jason trompe Médée avec Créuse, fille du roi de Corinthe Créon.

Je vous laisse imaginer la suite, quand on est l'époux, comme Jason, d'une magicienne ...

La tragédie de Pierre Corneille (Tiens, un Normand ! ) ... est bien enlevée, rapide à lire. Il est cependant souhaitable de connaître les "antécédents" des protagonistes pour comprendre la tension dégagée.
En fait, ce n'est pas Corneille que je note, il me passe techniquement complètement au dessus de la tête, il est génial, ses rimes sont super etc...Je suis bien incapable d'en faire autant. Lui, en tant que technicien de la poésie vaut six étoiles...
C'est l'histoire des vengeances-chantages- tueries que je trouve débile... Comme je dis : la vengeance est un plat qui me laisse froid.

Euripide ( Grec, moins 400 ) et Sénèque ( Romain), ont écrit chacun une pièce "Médée", que je n'ai pas lue.



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Pièce importante, car il s'agit de la première tragédie de Corneille. Elle n'arrive pas à ce moment-là par hasard : après six années pendant lesquelles aucune nouvelle tragédie n'est créée à Paris, la tragi-comédie étant le genre incontournable, la tragédie renaît de ses cendres. Une tragédie pleinement classique, attachée aux règles, mais ayant su tirer du genre concurrent de la tragi-comédie un certain nombre d'éléments qui faisaient son succès auprès du public, et en premier lieu une action plus soutenue. La saisons 1633-1634 deux tragédies marquent ce retour à un genre un moment abandonné : l'Hercule mourant de Rotrou et l'Hippolyte de la Pinelière. La saison suivante (1634-1635) les créations se multiplient. Il y a entre autres, La Sophonisbe de Mairet (considérée un peu comme la plus représentative de cette renaissance tragique), La mort de César de Scudéry et cette Médée de Corneille. La pièce a du succès, elle sera publiée en 1639, après le Cid et les remous qui ont suivis.

Il est probable que Corneille ait été inspiré, pour le choix du sujet et la façon de le traiter, par l'Hercule de Rotrou, auteur de la première tragédie régulière, et surtout auteur de grand talent, celui qui dans cette génération aurait pu être le plus grand rival de Corneille s'il n'était mort prématurément. Mais l'inspiration la plus directe de Corneille est la pièce de Sénèque, avec aussi de nombreux éléments empruntés aux Métamorphoses d'Ovide. La pièce emprunte peu à Euripide, le goût de l'époque n'étant pas très en phase avec les auteurs grecs.

Le sujet est connu. Médée a permis à Jason de conquérir la Toison d'Or, elle fuit avec lui, devient sa femme, ils ont deux enfants. Après la mort de Pélias (l'oncle de Jason) provoqué par les manigances de Médée, le couple est obligé de fuir et de se réfugier à Corinthe. La pièce de Corneille commece à ce moment. Jason a conquis le coeur de Créuse, la fille de Créon le roi de la ville. Jason veut donc répudier Médée pour convoler en secondes noces. Médée doit être bannie le lendemain. Les enfants du couple doivent rester avec leur père. Médée est ulcérée et décide de se venger. Au moyen d'une robe empoisonnée, elle va provoquer la mort de Créuse et de Créon, et va tuer ses enfants pour parfaire sa vengeance vis à vis de Jason. Elle va le narguer avant de s'envoler dans un char tiré par des dragons.

Le sujet de la pièce est tiré de la mythologie, et non pas de l'histoire, comme la plupart des pièces de Corneille qui vont suivre. La pièce, de part son sujet violent, et des éléments très paroxystiques qui s'y trouvent, s'apparente au tragique de la fureur, inspiré par Sénèque, et très présent dans le théâtre français au début du XVIIe siècle (Rotrou est l'un de ses plus notables représentants). Comme cette première tragédie de Corneille diffère de ses productions tragiques les plus célèbres, celles que l'on joue encore aujourd'hui, dans beaucoup de présentations elle est qualifiée de précornélienne. C'est tout de même un peu facile, si on regarde l'ensemble des pièces de l'auteur. Non seulement il va revenir plusieurs fois à des sujets mythologiques à grand spectacle, mais en 1661 il fera jouer La toison d'or, une tragédie qui va mettre en scène les mêmes personnages principaux que Médée. Encore une fois, il est difficile d'enfermer Corneille dans une seule typologie.

La pièce est très efficace et très bien conçue. Corneille s'en vante d'ailleurs dans les textes qui accompagnent la pièce. Jason ressemble pas mal aux personnages masculins de ses comédies, usant de ses charmes non pas pour épouser des riches héritières mais des filles de rois, cynique, pas très sympathique. Médée est une magicienne, une sorcière, qui a des pouvoirs puissants, presque sans limites, sa seule faiblesse étant son amour pour Jason, mais une fois trahie, elle n'a aucune difficulté à la vaincre. L'Asie, terre d'origine de Médée, était réputée comme le continent des magiciens. En plus de ses actions maléfiques avérées, Médée est l'étrangère, venue d'un continent ennemi, dont rien de bon ne peut venir. La situation dans laquelle elle est, lui laisse l'alternative d'être une victime ou un monstre. Être abandonnée par l'homme à qui elle a tout abandonné, et à qui elle a assuré un triomphe immortel, perdre ses enfants. Elle choisit de tuer ceux qui veulent la chasser honteusement et de tuer ses enfants pour mortifier Jason, qui de toutes les façons envisageait le même infanticide après la mort de Créuse. Au final, Corneille consacre peu de place au meurtre des enfants, qui est la partie du mythe de Médée la plus connue, la plus associée à son nom.

C'est vraiment une pièce très forte et très réussie, qui passe très bien sur la scène (pour l'avoir vue jouée), je regrette, comme pour les comédies, qu'elle n'ait pas davantage les faveurs des metteurs en scène.
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"Médée" est la première tragédie de Pierre Corneille et ce n'est pas la meilleure.
Si, d'un point de vue émotionnel, Corneille ne m'a jamais fait le même effet que Racine, dans "Rodogune", dans "Le cid", dans "Cinna", il réussi toutefois, jadis, à mettre sous tension ses pièces et à me cause une certaine émotion ; mais là, il échoua à cette tâche. Le vers reste très beau, mais un peu trop froid. Et surtout, les personnages sont brouillons. Ils pourront sembler ambigus à certains, mais moi, personnellement, je les trouve brouillons, c'est-à-dire qu'au lieu d'être divisés entre deux forces opposées, au lieu d'avoir cette position claire vis-à-vis de ces deux forces qu'est la division entre ces forces opposées, le dramaturge a tellement hésité sur la position qu'il fallait qu'ils eussent vis-à-vis de ces forces opposées, de ces principes opposés, qu'il ne leur a pas donner de position claire.
Si bien que les personnages sont plats et fades, Médée y compris.
En outre, les trois premiers actes sont en grande partie consacrés à des bavardages, des badinages. C'est souvent le cas dans les tragédies classiques du XVIIème siècle, mais généralement il y a une certaine tension dans ces dialogues et le vers de l'auteur est émouvant.
Là, non seulement les scènes se suivent et se répètent, mais en plus il y a si peu de tension autour du sort des personnages qu'on a presque envie d'aller piquer un somme !
Malgré ses défauts, il faut reconnaître que le vers est assez beau et que les deux derniers actes ne sont pas indignes du grand Corneille. On trouve dans ces actes, une certaine tension, des vrais événements ; c'est là que l'on sent que la tragédie est là, et l'émotion avec elle.
A réserver aux plus grands amateurs de Corneille.
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Résumé des chapitres précédents
Le petit Jason a connu une enfance agitée dans sa bonne ville de Iolchos en Thessalie.
Son oncle Pélias a détrôné son père (Eson) et cherche à se débarrasser également de lui en l'envoyant chercher une toison d'or quelque part en Colchide, dans les prés.
Une mission a priori impossible compte tenu des nombreux obstacles proposés, entre taureaux aux pieds d'airain, armées surgies de terre, dragon... (la routine, quoi)

Pourtant, contre toute attente, Jason fait le taf, bien aidé il est vrai, par Médée, une magicienne efficace et amoureuse et par ailleurs, petite fille du Soleil, comme le chantait Christophe.
Le retour en bateau des deux tourtereaux, est un peu mouvementé. Éétès (bien raisonnable pourtant) le père de Médée furieux du vol de toison s'est lancé à leur poursuite avec ses soldats. Pour les retarder, Médée lâche du lest en découpant son petit frère en morceaux qu'elle jette à l'eau, obligeant les Colchidiens à s'arrêter pour jouer au puzzle. (oui, c'est un peu rude)

De retour à Iolchos, alors qu'il pourrait jouir d'un repos bien mérité, Jason découvre que Pélias vient de faire tuer son père. (mais c'est dingue, ça n'arrête jamais !)
Médée, Médée...crie Jason !
Pour asseoir sa vengeance, Jason se fait donc aider par Médée.
Bonne fille, cette dernière use de ruse et de sortilèges et fait assassiner Pélias par ses propres filles.
Un partout !

Mais ce tour de magie déplaît à Acaste (plus connu sous le nom d'Alceste), le fils de Pélias qui les poursuit de sa colère.

Jason et Médée sont contraints de s'exiler à Corinthe où le roi Créon les abrite. Ils font des enfants, se la coulent douce en mangeant du raisin...bref, tout va bien jusqu'à ce que...

Et nous voici donc rendus à ce drame cornélien.

Car le couple maudit n'est pas tiré d'affaire. Acaste n'a pas décoléré et il menace désormais Corinthe et son roi. Pour le calmer, Créon propose d'exiler Médée et de donner Créuse, sa fille, en mariage à Jason.
Inutile de dire que Jason qui trouve Créuse plutôt bien gaulée, accepte sans état d'âme.
Inutile de dire que Médée elle, ne l'entend pas de cette oreille.

Il faut la comprendre aussi.
Non seulement elle doit s'exiler, mais encore on lui dit que ses enfants vont rester avec sa rivale et qu'au surplus, elle doit lui refiler sa robe.
L'exil, la séparation avec l'époux et les enfants, la robe...Il faut reconnaître que ça commence à faire beaucoup.

Et on sait qu'il ne faut pas trop titiller Médée qui a le sang chaud, le sortilège prompt et le couteau facile.

--------------------------

Pour ses débuts dans la tragédie, Corneille n'y est pas allé avec le dos de la cuillère.

Il a certes adouci quelque peu l'incroyable déchaînement de violence qui emplissait la pièce d'Euripide, en tentant notamment de répartir davantage les responsabilités pour humaniser Médée et lui fournir des circonstances atténuantes. Ainsi, le comportement des autres protagonistes, Jason notamment, apparaît assez lâche, faisant porter la responsabilité sur les seules épaules de Médée qui l'a pourtant sauvé par amour, dédaignant désormais cette " femme barbare ".

Je ne suis pas sûr que Corneille ait totalement réussi son entreprise, tant le personnage de Médée incite assez peu à l'empathie, tuant sans relâche pour assouvir sa soif de vengeance. Même par amour, c'est du rude !

De plus, Corneille n'a sans doute pas tiré de cette histoire terrible, sa pièce la plus formellement aboutie.
Je trouve que certaines tournures nécessitent de revenir sur le texte pour bien en comprendre le sens et les scènes d'exposition ne suffisent pas complètement à rappeler le passé des personnages. Quelques vers étonnent même par une répétition gênante (Ixion aux vers 1387 et 1524)
Accessoirement enfin, le traitement classique est troublé par l'absence d'unité de lieu et l'intervention d'un deus ex machina un peu facile pour clore la dernière scène de Médée (le char volant).

Mais de mon point de vue, Médée mérite toutefois une place à part pour au moins deux raisons : le personnage extraordinaire de Médée et des tirades brillantes.

Médée est la représentation même, de l'hybris. Monument de démesure, pleine de bruit et de fureur, on peine à imaginer qu'elle puisse aller aussi loin, dans la détermination haineuse. Il y a un côté proprement effrayant dans ce personnage unique, rageur, qu'il faut bien appeler un monstre.

A héroïne pareille, tirades exceptionnelles :
- " Apportez-moi du fond des antres de Mégère/ La mort de ma rivale et celle de son père, Et si vous ne voulez mal servir mon courroux, Quelque chose de pire pour mon perfide époux."
- " Oui, tu vois en moi seule et le fer et la flamme, Et, la terre et la mer, et l'enfer, et les cieux, Et le sceptre des rois et le foudre* des dieux. ' ;
ou encore quand elle rappelle à Créon qui s'en mêle, ce qu'on lui doit : "Est-ce user comme il faut d'un pouvoir légitime, Que me faire coupable et jouir de mon crime" ..." Si Jason et Créuse ainsi l'ont ordonné, Qu'ils me rendent le sang que je leur ai donné"...

...et peut-être une des plus terribles quand Médée répond avec une ironie mordante à Jason qui essaie de la persuader qu'il n'oeuvre que pour son bien : " On ne m'a que bannie ! Ô bonté souveraine ! C'est donc une faveur, et non pas une peine ! Je reçois une grâce au lieu d'un châtiment ! Et mon exil encor doit un remerciement"
'
Terrible !

Une pièce exigeante donc, avec de grands moments de théâtre et de littérature.

* oui, foudre était masculin en grec. Comme c'est un faisceau de dards, j'ai cru à une coquille séminale.
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Ce présent déceptif a bu toute leur force,
Et bien mieux que mon bras vengera mon divorce.
Mes tyrans par leur perte apprendront que jamais…
Mais d’où vient ce grand bruit que j’entends au palais ?
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CRÉUSE (à Égée)
Souvent je ne sais quoi qu'on ne peut exprimer
Nous surprend, nous emporte, et nous force d'aimer;
Et souvent, sans raison, les objets de nos flammes
Frappent nos yeux ensemble et saisissent nos âmes.
Ainsi nous avons vu le souverain des dieux,
Au mépris de Junon, aimer en ces bas lieux,
Vénus quitter son Mars et négliger sa prise,
Tantôt pour Adonis, et tantôt pour Anchise;
Et c'est peut-être encore avec moins de raison
Que, bien que vous m'aimiez, je me donne à Jason.
D'abord dans mon esprit vous eûtes ce partage:
Je vous estimai plus, et l"aimai davantage.
(Acte II, scène 5)
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JASON
Depuis que mon esprit est capable de flamme,
Jamais un trouble égal n'a confondu mon âme.
Mon coeur qui se partage en deux affections,
Se laisse déchirer à mille passions.
Je dois tout à Médée, et je ne puis sans honte
Et d'elle et de ma foi tenir si peu de conte;
Je dois tout à Créon, et d'un si puissant roi
Je fais un ennemi, si je garde ma foi:
Je regrette Médée, et j'adore Créuse;
Je vois mon crime en l'une, en l'autre mon excuse;
(Acte I, scène 2)
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JASON
Je dois tout à Médée, et si je ne puis sans honte
Et d'elle et de ma foi tenir si peu de conte ;
Je dois tout à Créon, et d'un si puissant roi
Je fais un ennemi, si je garde ma foi.

NDL : et voilà le dilemme cornélien posé !
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MEDEE :
Il aime ses enfants, ce courage inflexible :
Son faible est découvert ; par eux il est sensible,
Par eux mon bras, armé d'une juste rigueur,
Va trouver des chemins à lui percer le coeur.
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Videos de Pierre Corneille (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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