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Louis Méridier (Traducteur)Danielle Jouanna (Éditeur scientifique)Corinne Verdié (Collaborateur)
EAN : 9782218737794
175 pages
Hatier (05/09/2001)
3.38/5   29 notes
Résumé :
Admète est roi de Phère, en Thessalie (région septentrionale de la Grèce). Alceste est son épouse, Phérès son père. Héraclès est un demi-dieu (fils d’Alcmène et de Zeus).

Le sujet de cette tragédie est le sacrifice d’Alceste qui accepte de mourir pour sauver son époux (Admète).

Admète est destiné à mourir prochainement. Comme il est encore jeune, il obtient de son protecteur Apollon la permission de se faire remplacer : c’est une autre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Alceste est probablement l'une des pièces où la fonction civique, morale et sociale du théâtre antique grec apparaît le plus clairement (parmi celles qui nous sont parvenues, bien entendu).

Les aspects soulevés ici sont (comme presque toujours) la déférence devant les dieux, mais aussi les règles d'hospitalité, l'observance et le respect des rituels religieux, les obligations héréditaires et conjugales (avec, pour le coup, une réponse assez ambiguë d'Euripide) et probablement quelques autres qui m'auront échappés vu la complexité des croyances ou des règles sociales et la distance qui nous en sépare aujourd'hui.

Cependant, l'axe phare de cette pièce est bien évidemment celui du sacrifice.
Posons le décor : Admète est un roi de Thessalie, bien dans ses baskets, aimé du peuple, de ses proches et choyé par les dieux. Son père, toujours en vie, lui a légué un royaume qui fonctionne bien et ne fait pas d'histoires. le problème (parce qu'il faut bien qu'il y ait un problème dans une tragédie) c'est que les vilaines Parques, célèbres fileuses du destin des hommes, ont décidé que c'en était fini de la pelote d'Admète et qu'elles voulaient son trépas.

Heureusement celui-ci s'est fait un copain d'Apollon, lequel a su user de ses charmes auprès des Parques (l'histoire ne dit pas s'il les a " pelotées ") pour qu'elles admettent qu'Admète (je sais, les calembours foireux commencent à s'accumuler, c'est le dernier, promis) offre la vie d'un de ses proches en échange de la sienne. Manque de chance, Admète, qui lorgnait secrètement du côté de ses deux vieux parents, n'a jamais pu obtenir d'eux qu'ils acceptent de casser leur pipe à sa place.

C'est donc sa charmante épouse Alceste qui s'y colle, devant l'enthousiasme de l'assistance, acceptant, pour la bonne cause de rejoindre le royaume souterrain d'Hadès. Alceste, jeune, belle, bonne, secourable, admirable, maternelle, fidèle, pieuse, (et puis beaucoup d'autres qualités encore, mais bon, vous voyez le tableau), se prépare, la tête haute, à périr pour sauver son roi de mari et à abandonner aux tristes griffes du sort ses deux bambins chéris.

Euripide fait grincer les violons à pleins tubes, du lacrimosa à l'entrée, au fromage et au dessert sans oublier une double portion en plat de résistance : « Attention ! c'est elle qui va mourir, alors qu'elle était jeune, qu'on l'aimait bien et que les affreux vieux jojos avec leurs trois chicots et leurs cheveux blancs auraient bien pu se sacrifier pour sauver leur fils unique quand même » (vous aurez compris que ceci n'est pas une citation exacte du langage fleuri d'Euripide mais une traduction nastasiesque dudit passage).

À cet égard, le passage selon moi le plus intéressant de la pièce est la confrontation entre Admète et son père Phérès, dont les arguments pour rester en vie sont loin d'être ridicules et donnent lieu à un vrai dilemme philosophique.
Cela dit, rien n'y fera, la malheureuse sera du convoi dont on ne revient pas…

Mais ce serait sans compter sur un petit coup de théâtre (à peine téléphoné, fin comme baobab, léger comme une dolmen), car, comme si le chagrin du deuil ne suffisait pas en la demeure d'Admète, qui est-ce qui vient se taper l'incruste pour le gîte et le couvert ? Je vous le donne en mille : Héraclès. Quel toupet cet Héraclès ! Mais bon, c'est Héraclès, quand même, sait-on jamais, on peut toujours avoir besoin d'un grand costaud…

Je vous laisse découvrir la fin de la pièce au cas où vous ne la connaîtriez pas. Une tragédie incontournable du répertoire classique, dont l'une des répliques (« Être et ne pas être passent cependant pour bien différents. ») est probablement à l'origine de la plus fameuse réplique shakespearienne dans Hamlet.

Et j'en finirai en vous confessant qu'elle n'est peut-être pas ce que j'aime le mieux dans le théâtre antique, loin s'en faut, mais qu'elle se laisse lire sans trop de déplaisir même si la mécanique est lourde et insistante par moments. Au demeurant, ceci n'est que mon avis du jour, et que vaudra-t-il mon misérable petit avis dans vingt-cinq siècles ?... pas grand-chose !
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Euripide a écrit son Alceste à partir d'un mythe qui raconte l'histoire d'un roi thessalien, auquel les dieux accordent la dispense de mourir à condition d'envoyer quelqu'un d'autre à sa place dans le sous-sol de la mort. Son épouse se porte volontaire mais elle est finalement ramenée dans le monde des vivants grâce à l'intervention musclée d'un héros.
25 siècles après sa conception, cette pièce ni tragédie ni drame réussit à nous parler. Certes les dieux grecs gouvernent le monde mais ceux-ci sont assez imprévisibles. Car face à l'évidence de la mort inéluctable, voilà qu'une sombre tractation divine crée une exception pour un roi aimé des dieux. Alors que ce dernier devrait se réjouir de son sort, cette faveur se retourne contre lui et le plonge au contraire dans une inconsolable tristesse car le voilà seul après la mort de son épouse qui, respectueuse des décisions divines et du rôle royal de son mari, s'est sacrifiée pour lui. le roi aurait préféré voir son père mourir à sa place mais au cours d'une scène magnifique, déjà soulignée dans les commentaires précédents, ce dernier s'oppose à son fils et met en avant un goût de vivre aussi fort que celui qui anime les plus jeunes. de quel droit le plus vieux devrait se sacrifier au profit du plus jeune, aussi royal soit-il?
Intervient alors Herakles , le héros mi-homme, mi-dieu qui par sa capacité à renverser les montagnes perturbe le déroulement prévisible du plan divin. La force de l'action, l'activisme en quelque sorte, redonne une chance à l'homme face aux dieux. La conclusion de la pièce est néanmoins tout à fait ambigue. Alceste ramenée par Herakles revient à la maison mais elle apparaît voilée et silencieuse. Est-elle bien revenue aussi vivante que son mari Admète l'espérait? La mort est-elle réellement vaincue? Rien n'est moins sûr.
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Sur le chemin d'un de ses travaux, Hercule s'arrête dans la maison d'un de ses amis. On pourrait trouver certains éléments de comédie : Hercule ne comprend pas bien les sous-entendus et l'implicite ce qui donne lieu à des quiproquos - il est vrai que ce n'est pas le héros grec qui brille le plus par son intelligence, il bout beaucoup et s'enivre : il a bu du vin pur, c'est-à-dire non coupé avec de l'eau, ce qui est inconcevable pour un grec, il beuglee des chansons paillardes, une couronne de fleurs sur la tête...
Mais la maison de son hôte, Admète, est en deuil. La pièce est donc une tragédie. Une nouvelle fois dans le théâtre grec, les dieux imposent leur volonté aux hommes. Adamète doit mourir, c'est son destin. Mais, protégé par Apollon qui lui doit une faveur, il peut vivre encore si quelqu'un est prêt à se sacrifier pour lui. Ses vieux parents refusent, ses esclaves aussi, seule sa femme accepte. Adamète peut donc survivre.
Pour obéir aux dieux, être un bon Grec civilisé donc et non un Barbare, il est déchiré par ses obligations en tant qu'hôte, et le respects des rituels de deuil. La solution viendra de la force et des poings du héros Hercule. Dommage que, dans une pièce qui porte son nom, Alceste, la femme qui se sacrifie pour son mari, parle si peu.
Une pièce constrastée donc, avec un mélange des genres, un héros peu futé et un personnage féminin trop en retrait. J'avais préféré Hercule furieux comme pièce sur Hercule.
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C'est une tragédie très originale qui se termine bien, grâce à l'intervention magistrale d'Héraclès qui parvient, rien de moins, à rudoyer Thanatos en personne, pour lui reprendre Alceste promise à la mort. Épouse modèle d'Admète roi de Phères, elle décide de prendre la place de son mari qui devait mourir pour on ne sait quelle raison pour satisfaire les dieux (est-ce lié à son amitié avec Apollon qui tua les Cyclopes rendant Zeus furieux? Rien n'est dit à ce sujet par Euripide.) La pièce est alors un chant d'amour entre Alceste et Admète, l'orgueil de la sacrifiée exige après son trépas un respect inaltérable à leur lien marital. Admète, effondré et accablé de douleur, loue la grandeur de sa femme et pleure leur triste sort. Cette pièce présente le modèle de la femme grecque: soumise, pieuse et dévouée aux affaires de la maison. Et, bonheur suprême pour le mari, qui revient du pays des morts voilée et silencieuse. le rêve! Un modèle qui a perduré jusqu'à nos jours et, heureusement, fortement remis en cause face à nos aspirations à la liberté.



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Une tragédie, une comédie, je sais que le débat existe. Je me garderai bien d'y entrer. La seule chose dont je suis sur, c'est qu'on ne rigole pas à la lecture de ce classique.
Cela fait partie de nos oeuvres incontournables, mais quand même , je me pose beaucoup de questions quant à la pertinence de la pièce en dehors du contexte historique.
Je sais que je vais choquer plein de puristes, qui ont le droit de dire que je n'ai rien compris. Il ont peut être raison.... Peut être que moi aussi !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
PHÉRÈS. — Mon fils, qui te flattes-tu de poursuivre de tes injures ? Un Lydien ou un Phrygien payé de ton argent ? Ignores-tu que je suis Thessalien, fils légitime de Thessalien et libre ? Tu pousses trop loin l'outrage, et après avoir lancé contre nous les traits d'une juvénile insolence, tu ne t'en iras pas ainsi. C'est moi qui, pour faire de toi le maître de la maison, t'ai engendré et nourri, mais mon devoir n'est pas de mourir à ta place. Les pères mourir pour les enfants ! voilà une loi que je n'ai pas reçue de mes aïeux ni de la Grèce. C'est pour toi seul, malheureux ou heureux, que tu es né ; ce que tu devais obtenir de nous, tu le possèdes. Nombreux sont tes sujets, et nombreux les arpents de terre que je te laisserai, comme je les ai reçus de mon père. En quoi donc t'ai-je fait tort ? De quoi te dépouillé-je ? Ne meurs pas plus pour ma personne que je ne fais pour la tienne. Tu as plaisir à voir le jour : et ton père, crois-tu qu'il en ait de la peine ? Ma foi, oui, je me dis qu'il est long, le temps à passer sous la terre, et que si la vie est courte, elle a pourtant sa douceur. Toi, en tout cas, sans vergogne tu t'es débattu contre la mort, et tu vis, tu as esquivé le sort fatal en faisant cette victime. Et c'est de ma lâcheté que tu parles, quand tu t'es laissé vaincre, ô le dernier des couards, par une femme, qui est morte pour toi, pour ce joli garçon ! C'est un ingénieux moyen que tu as trouvé de ne jamais mourir, si à ta femme du moment tu persuades chaque fois de succomber à ta place. Et tu viens insulter ceux des tiens qui s'y refusent, quand toi-même te conduis en lâche ? Silence ! Crois bien que si tu tiens à ta propre vie, tout le monde tient à la sienne. Et si tu nous injuries, tu entendras plus d'une injure méritée.
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À en croire les vieilles gens, ils appellent la mort, leur âge les accable, ils ont vécu trop longtemps. Ce ne sont que des mots ! Dès que la mort approche, nul ne veut plus s'en aller, et l'âge a cessé d'être lourd.
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Être et ne pas être passent cependant pour bien différents.
(N. B. : l'ombre de Shakespeare planait-elle déjà à l'époque d'Euripide ?)
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Tous ne sont pas si attachés aux rois qu'ils leur restent fidèles jusque dans le malheur.
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Nous devons, mon fils, honorer le corps de celle qui est morte pour sauver ta vie, qui ne m'a pas laissé sans enfant, et n'a pas voulu que je me consume tout seul dans une vieillesse douloureuse ; elle a fait honneur à toutes les femmes par cet acte si généreux. O toi qui as sauvé mon fils, toi qui nous a relevés de notre chute, adieu : dans la demeure d'Hadès sois heureuse. J'estime que de tels mariages sont utiles aux mortels, sinon mieux vaut ne pas se marier.
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Videos de Euripide (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Euripide
Par Chloé Delaume accompagnée de Benoist Esté Bouvot
Chloé Delaume poursuit son exploration des grandes figures mythologiques féminines en se penchant cette fois sur celle de Médée. Elle revisite ce personnage de la mythologie afin d'en convoquer toute la puissance pour faire écho aux problématiques féministes contemporaines. Médée, magicienne, amoureuse, dont le nom semble depuis toujours synonyme d'infanticide. Pourtant, celle, sans qui Jason ne serait rien, n'a pas toujours été la meurtrière de ses enfants : avant Euripide, Médée commet bien des crimes, mais pas celui-là. Ce soir elle raconte son histoire et interroge la véritable nature de sa culpabilité, elle qui durant tant de siècles ne fut écrite que par des hommes.
Dans le cadre du colloque international « Chloé Delaume : une oeuvre intermédiale » et de la résidence Lilith & Cie.
« le souci quand on est personnage de fiction, c'est qu'un tas de gens, sans cesse, vient vous écrire dessus. On se voit transformé sans le moindre recours. Quelqu'un m'a noirci l'âme, depuis je fais avec. » Chloé Delaume, « Médée avant Médée »
À lire – Chloé Delaume, Pauvre folle, Seuil, 2023.
Son : François Turpin Lumière : Iris Feix Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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