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Danièle Valin (Traducteur)
EAN : 9782073060587
Gallimard (02/05/2024)
3.97/5   117 notes
Résumé :
Dans les montagnes près de la frontière entre l’Italie et la Slovénie, un vieil horloger a pour habitude de camper en solitaire. Une nuit d’hiver, une jeune tzigane entre dans sa tente et lui demande de l’abriter. Elle a fui sa famille et le mariage forcé qu’on lui imposait de l’autre côté des montagnes. L’homme cache la clandestine de la police et de son père qui la cherche pour la punir, peut-être la tuer. Cette rencontre inaugure une entente faite de dialogues no... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Pour jouer au mikado, il faut être au moins deux. Ça tombe bien : nous étions trois. Une jeune gitane en fuite, un vieux campeur solitaire, et moi. Eux deux qui discutaient, moi qui buvais leurs paroles.

Comment s'appelaient-ils ? Je n'en ai aucune idée, et manifestement De Luca n'en sait pas plus que moi ("Leurs noms ne comptent pas", nous prévient-il dès la préface. "Ils n'ajoutent rien aux gens").
Existent-ils, ont-ils existé ? Aucune importance non plus ("Si cette histoire est tirée ou inspirée d'un fait divers, je préfère l'ignorer").
Non, Erri de Luca n'a que faire de tout ça, il n'a pas l'habitude de s'embarrasser de détails inutiles. Dans ses textes nul artifice, jamais, il va à l'essentiel et pèse le moindre mot. Son dernier roman ne fait pas exception : des phrases courtes, sobres, expurgées de l'accessoire, fragiles comme des fleurs de montagne. Charge alors au lecteur d'en extraire le suc, de décoder les messages quasi-subliminaux qui lui sont adressés.

Que cherche-t-il à nous dire, ce vieil horloger italien, lui qui passe ses hivers seul sous la tente dans le silence des sommets alpins ?
Qui est cette gitane qui vient de franchir clandestinement la frontière slovène, ou va-t-elle, que fuit-elle ?
Mesure-t-elle la chance qu'elle a d'être tombée sur le campement de ce vieil homme habile et débrouillard, parfaitement disposé à lui venir en aide ?

Entre eux va s'établir une profonde relation d'amitié confiance, et la majeure partie du roman n'est en fait qu'un dialogue ininterrompu entre la fuyarde et l'ermite.
Elle lit les lignes de la main, vénère les ours et les corbeaux, elle "croi[t] au destin et aux signes, au dieu des choses".
Lui voit la vie comme un jeu d'adresse, un mikado géant à la stabilité précaire, "un chaos à résoudre". Il se plaît à n'être qu'un "engrenage dans la machine du monde", sait la fragilité des équilibres et accorde toute son existence aux lois ancestrales du mikado : "attention au moindre mouvement, faire avec intention, sans automatisme."
Voilà qui ouvre à l'auteur de nombreuses pistes de réflexion et lui inspire quelques jolies métaphores que chacun pourra interpréter à sa guise.

Tout ça me convenait parfaitement, jusqu'à ce que l'auteur mette brusquement fin à la conversation entre ces deux personnages. Nous les retrouvons quelques années plus tard, à travers un bref échange épistolaire, avant un dernier chapitre tout à fait inattendu qui ne m'a hélas pas complètement convaincu... de mon point de vue ce coup de théâtre superflu rompt quelque peu le charme subtil et délicat de l'histoire.

Les règles du mikado n'en demeure pas moins un roman plaisant, et les lecteurs fidèles d'Erri de Luca y retrouveront sans mal la "patte" de l'orfèvre italien : minimalisme, poésie, engagement humaniste et art du mot juste. 
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C'est un grand plaisir de retrouver Erri de Luca avec Les règles du Mikado, bien que je ne me sois jamais vraiment éloignée de l'auteur italien que je lis régulièrement. Une fois de plus c'est une surprise et un bouleversement.

Une surprise dans la construction du roman puisqu'il y a deux parties bien distinctes : l'histoire d'une rencontre entre un vieil homme et une jeune gitane puis l'après, des années plus tard.
L'homme est un horloger italien qui passe du temps dans la montagne où il se réfugie seul sous une tente. Il vit dans le calme de la nature et joue au Mikado.
J'adore le jeu du Mikado et cela m'a donné envie d'y rejouer puisque je ne l'ai pas fait depuis un moment. C'est un jeu de patience et d'habileté mais aussi de stratégie qui peut être partagé où se jouer seul. La qualité principale pour le Mikado est le calme, la sérénité.
Une nuit, une adolescente de quinze ans en fuite vient chercher refuge sous sa tente pour échapper à son père qui risque de la tuer pour l'honneur car elle refuse un mariage arrangé. le vieux campeur va protéger la jeune gitane et ils vont apprendre à se connaître, lié par un lien fort d'amitié. Elle vient de Slovénie, analphabète, elle connaît des ruses et a appris à communiquer avec les animaux quand elle vivait dans sa communauté Sinté, peuple Tziganes qu'elle a quitté. Ils vont faire un petit bout de chemin ensemble jusqu'à Grado au bord de la mer Adriatique. Lui, est réglé comme une horloge. Ces deux-là ont une façon d'affronter le monde qui semble opposée mais c'est peut-être aussi ce qui les rapproche.

Ce livre est aussi un bouleversement parce que cette histoire n'est pas celle que l'on croit. Erri de Luca parle d'humanité et de transmission, ce qui m'a profondément touchée.
L'humanité c'est d'abord la Fondation Mikado qui aide les sans-abris, les réfugiés, présidé par le vieil horloger, et qui s'avère être bien plus que cela, proposant un nouveau départ pour des personnes dans le besoin. Je n'en dirai pas plus car la deuxième partie révèle pas mal de choses grâce aux lettres échangées avec la gitane devenue femme de nombreuses années plus tard quand elle a changé de nom en se mariant, a deux fils et pratique la chiromancie en plus de son travail. Les lettres ne sont ni datées ni signées mais il n'y a aucune ambiguïté sur les événements. D'ailleurs, le courrier manuscrit est réhabilité, son intérêt étant de pouvoir dire des choses qui ont besoin d'éloignement.
Grâce au Mikado que lui a transmis le vieil homme elle applique les règles en dehors du jeu, par exemple en agissant doucement sans attirer l'attention, en faisant les choses avec intention, sans automatisme.

J'ai donc aimé ce roman intelligent car on voit comment une rencontre peut servir d'amorce à un changement de vie, surtout quand la générosité prime. Erri de Luca sait aussi parler de la vieillesse avec lucidité, sans tristesse, dans ce beau livre sur l'espoir.

Je remercie vivement les éditions Gallimard et Babelio pour ce roman poignant qui m'a été offert dans le cadre d'une rencontre très attendue avec l'auteur.


Challenge Riquiqui 2024
Challenge Multi-défis 2024
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En pleine nuit d'hiver, en haute montagne, dans une zone frontalière, une jeune fille vient chercher refuge dans la tente d'un vieil homme. le début d'un dialogue et d'une nouvelle vie pour chacun, marquée par la rencontre.
Le lecteur qui ouvre ce dernier opus en date d'Erri de Luca se retrouve aussitôt plongé dans l'univers de son auteur, son art de la littérature ascétique, sa poésie, et la symbolique biblique qui trame toujours intimement son langage.

Effectivement, dans la Bible, les rencontres entre l'homme et Dieu, dans son mystère sacré, se font souvent en haut d'une montagne.
L'autre grand lieu de la rencontre avec Dieu dans L'Ancien Testament est la tente, devenue durant l'Exode un sanctuaire abritant l'arche d'alliance, préfiguration Du Temple. La tente est en fait complémentaire du sommet de la montagne, puisqu'elle constitue un espace où le peuple peut perpétuer l'intimité avec Dieu instaurée lors de la rencontre sur la montagne.

Avec cette histoire de tente, lieu de rencontre au sommet de la montagne, entre une jeune fille en exode et un vieil homme en retrait du monde, Erri de Luca nous entraîne donc explicitement dans un récit de forte intensité symbolique et spirituelle. Mais est-ce une surprise ? le prolixe auteur napolitain excelle dans la construction de ces dialogues ciselés, existentiels, entre des humains dont on ne sait pas tout, mais qui désignent au delà de leurs destins une expérience universelle.

Dans ce jeu du mikado, on retrouve les grandes interrogations qui sous tendent l'oeuvre d'Erri de Luca, liées au poids de la culpabilité d'avoir échappé aux grands drames du siècle. Né en 1950, héritier des récits et des traumas qui hantent les personnages de ses livres, qui ont traversé les pires épreuves de l'humanité, l'auteur ne peut qu'en transmettre l'écho, de façon obstinée et persévérante.

Face à l'immensité des violences et des injustices, ce sont des destins individuels qui défendent leur existence et leur dignité. Mais le projet de vivre sa propre vie est constamment remis en cause face à la mécanique fatale de l'histoire.
Vivre sa vie librement et légèrement, cela ne semble pas possible, non plus, pour les héros de ce nouveau roman. Leur rencontre cristallise l'espérance et l'échec de leur ambition à choisir leur destin. Pour chacun d'entre eux, le moment de la rencontre marquera un tournant, et les amènera à poser un choix libre.

Mais ça, vous ne le comprendrez qu'à la fin. Ou peut être ne comprendrez vous pas les choses comme je les interprète ? Car la conclusion surprend. Savamment construit, le roman se dévoile pas à pas, à l'image du jeu qui lui donne son titre, jusqu'à l'essentiel, ici, une surprise.
Comme tous les romans d'Erri de Luca, il donne à penser par son intensité, et à savourer par la beauté de son écriture. Je remercie les éditions Gallimard et Babelio de m'avoir permis de le lire dès sa publication.
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J'ai lu ce livre grace à Babelio et les éditions Gallimard que je remercie dans le cadre d'une future rencontre avec l'auteur et une masse critique.

Une jeune gitane de 15 ans qui vit en Slovénie s'enfuit de sa communauté pour échapper à un mariage forcé avec un homme de 50 ans. Elle rencontre un homme mûr d'une soixantaine d'années qui a planté sa tente en hiver à la frontière italienne dans la forêt. C'est l'hiver et le froid est intense.

La jeune fille est accueillie par cet homme dans une tente. Un dialogue s'instaure entre ces deux êtres. Elle et il
n'ont ni nom, ni prénom. Selon Erri de Lucca le prénom peut inciter à rechercher
une imitation avec un être connu. Je n'ai jamais eu cette sensation car lorsque je lis je m'imprégne des personnages sans les comparer à qui que ce soit. Mais bon, j'accepte le concept.

Pendant environ la moitié du livre un dialogue entre ces deux personnages se met en place. La jeune fille fuit son père et au-delà son clan. Sa fuite représente un déshonneur pour son père et sa
communauté.

L'homme l'héberge dans sa tente. Il est horloger et joue notamment au mikado. Il l'aide à fuir le père, les gendarmes et l'amène au bord de la mer où il n'y a pas de gitans. La jeune fille lit les lignes de la main de l'homme et décèle un secret que nous découvrirons plus tard.

Ce dialogue m'a plutôt plu.

Ensuite, une correspondance épistolaire s'installe entre eux après que l'homme ait aidé la jeune fille à vendre ses cheveux pour s'acheter un abécédaire pour apprendre à lire et lui ait permis de trouver un métier.

J'ai été un peu moins convaincue mais le style m'a enchantée.

La fin m'a quelque peu échappé. le carnet laissé par le vieil homme et la dernière lettre de la jeune fille devenue femme, veuve et mère ne m'ont pas convaincue.
.
De cette lecture je retiens surtout le style de l'auteur très beau mais je reste un peu sur ma faim.

J'ai oublié d'écrire que j'ai aimé l'amour de l'altérité. Une certaine solidarité émane de ce livre qui me plaît.
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« Les règles du Mikado » Erri de Luca (Gallimard, 150p)
C'est un roman un peu particulier de celui que j'estime comme un des plus grands auteurs de ce début de siècle. Sur la forme d'abord, puisque les deux premiers tiers du livre sont constitués uniquement de longs dialogues qui se succèdent sans aucune phrase de transition mais sur une assez longue période entre un vieil homme et une toute jeune fille tsigane, avant de passer à des lettres qu'ils s'échangent (ainsi qu'un carnet de bord), bien des années après leur rencontre, là aussi sans raccord ni liaison.
Lui est un campeur solitaire qui s'est posé dans les montagnes à la frontière entre l'Italie et la Slovénie, pour fuir ou chercher quoi ? Il faudra attendre la fin du livre pour qu'une explication (assez improbable à mon avis), s'ouvre. Il est en tous cas apparemment lesté des questions existentielles de son âge, sur la vie, la mort, des amours perdues…
Elle, à peine 15 ans, fuit un mariage contraint, s'échappe de son clan, en prenant tous les risques qu'implique dans son milieu son choix de liberté au féminin. Quand elle se glisse par surprise dans la tente du vieil homme un soir d'hiver pour échapper à son père lancé sur ses traces pour laver l'honneur bafoué, cette rupture radicale et sans retour possible ne lui fait pourtant pas renoncer à certaines de ses traditions ancestrales, elle qui lit dans les lignes de la main, est capable de dresser un ours…
Le temps d'un périple où il la protège, il va la guider vers la mer qu'elle ne connait pas, lui ouvrir les espaces d'un nouveau monde. Chacun se donne ainsi à voir de l'autre dans un apprivoisement mutuel où la confiance partagée est au coeur du lien de filiation qui s'établit, malgré les différences de leurs univers. Que feront-ils chacun de ce qu'ils reçoivent, comment en seront-ils transformés, c'est je crois le thème du livre, en tous cas ce qui m'a le plus intéressé.
A moins que je ne l'aie pas réellement saisie (c'est possible), j'ai trouvé la symbolique du mikado, dont le vieil homme se revendique au titre de ses règles de vie, assez confuse et pour tout dire plaquée. Mais j'ai admiré l'énergie vitale très contagieuse de la jeune fille, sa force de caractère.
Les dernières étapes du roman m'ont par ailleurs paru factices, comme s'il fallait absolument trouver une chute surprenante (elle l'est), un noeud dans l'intrigue mais qui est de fait aussi artificiel que peu crédible. Est-ce-moi qui me lasse, après plus d'une trentaine de livres du Napolitain dégustés avec tant de délices et d'admiration, est-ce lui qui vieillit ?...
Même la poésie si habituellement exceptionnelle chez le Napolitain m'a semblé ici plus éteinte, avec moins d'éclat qu'à l'accoutumée. Allez, quand même deux ou trois :
« - C'est comment d'être vieux ?
- C'est quand on te parle et qu'on glisse le mot « encore ». Vous travaillez encore ? Vous campez encore, vous faites encore ça ou ça ? »
« C'était une femme mariée et veuve, belle comme une grappe de raisin en septembre. »
« La poussière dérègle les montres, parce qu'elle veut être celle qui mesure le temps. »
Au final, un De Luca un peu décevant… Sniff.
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critiques presse (4)
LeFigaro
24 mai 2024
Le livre contient quelques-uns des enjeux humains les plus cruciaux d'aujourd'hui. De Luca parle avec une profondeur qui n'exclut jamais la finesse et la légèreté. Son roman parle avec lui. Il parle pour lui.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
22 mai 2024
Le vieil homme et l'enfant : un vieux campeur et une jeune gitane en fuite sont les deux héros du nouveau roman plein de surprises de l'écrivain italien, « Les règles du mikado ». Un « road book » existentiel qui explore la complexité des êtres jetés dans le monde, entre élans du coeur et mécanique du hasard.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LaLibreBelgique
21 mai 2024
Erri De Luca publie un merveilleux petit livre “Les règles du Mikado”, qui évoque la rencontre d’un ancien horloger et d’une tsigane en fuite, mais aussi les secrets de chacun, les joies neuves de la vieillesse.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
OuestFrance
03 mai 2024
À la frontière entre deux pays, un homme sauve une jeune femme et l'aide à prendre un nouveau départ. Au-delà de ce geste gratuit en apparence se dessinent deux trajectoires marquées par le secret.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
- Je sais élever les corbeaux. Mais ils ont l'instinct de la liberté et je dois les laisser partir au bout de quelques années.
Ils tiennent compagnie, ils jouent, ce sont des personnes intelligentes.
- Pour toi les animaux sont des personnes.
- Pas pour toi ?
- Non. Peut-être parce que je ne les connais pas.
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La vie des espions est romanesque parce qu'elle doit inventer des identités et des biographies. Elle doit rendre crédible leur récit sans laisser l'hypothèse du doute à l'interlocuteur. Comme pour celui qui écrit des histoires, le lecteur doit suspendre son incrédulité.
Par tempérament, je suis enclin à croire aux histoires. Cela me permet de m'identifier à celui qui est en face de moi. J'évite la pénible méfiance. Je crois jusqu'à preuve contraire. Puis je retire le crédit accordé et je mets un terme au rapport, comme je laisse tomber un livre dont l'intrigue trop élaborée ou incongrue me rebute.
Quand je lis, je sens parfois la main de l'écrivain qui se trompe et fait bouger les bâtonnets du Mikado en équilibre délicat. Cette erreur interrompt l'entente dans le jeu entre celui qui lit et celui qui a écrit.
La vie des espions doit susciter cette forme de crédit accordé par le lecteur. Ma vie auprès des autres, toi comprise, a été consacrée à cet effet.
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- Tu es arrivée ici en emportant des frontières traversées, des poursuites, un corbeau protecteur.
- Des choses de tous les jours.
- Pour vous, les jours se succèdent par à-coups. L'imprévu doit être normal chez vous.
Chez nous, les jours sont rythmés par les horaires, par des intervalles égaux.
Même dans tes gestes tu as la rapidité de celle qui est sur ses gardes. Tu me rappelles les enfants des rues à Naples. Ils vivaient dehors, ils échappaient à tout.
- Et ils portaient l'eau sur leur tête dans les montées?
- Non. Mais chaque jour était pour eux comme pour les poissons dans la mer, attraper quelque chose à manger sans se faire prendre.
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Tu crois au destin, aux signes, au dieu des choses. A moi, il m'a suffi d'une plus petite explication. Être un engrenage dans la machine du monde.
Je pense à ma mère. Pendant les bombardements, avant de descendre dans l'abri, elle passait une minute à se coiffer devant son miroir pour être présentable.
Une minute pendant un bombardement, c'est un temps énorme à perdre ou à trouver. Son aspect avait la priorité.
Aujourd'hui, je sais que cette minute d'amour-propre lui donnait du courage. Elle résistait à la force supérieure avec la force mineure de la dignité.
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Je n'ai pas eu besoin comme toi d'une langue privée dans laquelle me sentir à l'abri. Celle des gitans m'aurait encore liée à eux. Je n'ai plus jamais prononcé un seul mot dans cette langue, pas même en rêve. Je ne l'ai pas fait entendre à mes enfants.
Je suis passée d'une appartenance à une autre en emportant seulement ce qui pouvait tenir dans une poche, comme la nuit où je suis entrée dans ta tente et dans ta vie.
Pour me détacher, j'ai annulé la langue de mon peuple, je l'ai arrachée de ma bouche.
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Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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