Au terme de cette lecture, je suis très indécis. Il y a du bon, du très bon, du mauvais, et du très mauvais dans cette longue BD militante sur un sujet de société délicat et urgentissime.
Le côté pile... c'est très complet, avec pas mal de chiffres, des définitions et de -trop rares- mises en perspective. Je dirais presque que le tome est trop complet. Cela brasse des choses essentielles et d'autres beaucoup plus anecdotiques. Mais tout est mis sur le même pied. Tout est placé sur le même degré d'urgence et d'importance. C'est un choix, visiblement. Mais je ne suis pas convaincu.
Côté face,
Lauraine Meyer présente SA version des choses. Mais elle le fait avec une virulence militante, ce que je peux admettre et respecter, mais sous le couvert d'un ouvrage informatif, éducatif. C'est là que je coince. On mélange des faits, des accusations (sorties parfois d'un peu nulle part), des suppositions, des hypothèses, des lieux communs invérifiables, des généralités proches d'un amalgame de mauvais aloi, des dénonciations salutaires, des recommandations bienvenues, des conseils sociétaux, des diktats, des avis politiques basés sur du vent... Que dire aussi des clichés... L'homme chauve à grosse lunettes qui incarne le patriarcat m'a fait hurler de rire... puis de colère. Je redis que tout cela est éminemment respectable.
Lauraine Meyer pose des choix... Mais dans ce cas, un préambule est utile, et c'est la confusion des genres que je trouve douteuse. A moins que ce ne soit clair pour tout le monde sauf pour moi que cet ouvrage est de parti pris, partisan et militant. Il est fort possible que mon scepticisme vienne de ce que j'ai pris cet ouvrage pour autre chose que ce qu'il est.
J'ajoute que le titre est très bien trouvé. Il y a parfois des portraits de femmes et d'hommes (parfois...), mesdames et messieurs "tout le monde" dans lesquels on reconnaît des amis, des proches, des collègues. Par exemple, quand j'ai demandé à effectuer le suivi d'une conférence des Nations Unies sur l'égalité femmes-hommes, j'ai cherché vainement une collègue comme back-up... car aucune n'avait envie d'assurer le lead... et aucune n'avait envie d'être en back-up. Un combat d'arrière-garde, inutile dans nos sociétés, voilà ce qui m'avait été répondu par mes brillantes et charmantes collègues. Nous étions en 2001.
J'ai donc été dans un groupe assurant le suivi des politiques de gender mainstreaming. Nous étions 3 hommes sur 40... Autant dire que pas mal d'accusations à l'encontre des hommes émises par
Lauraine Meyer m'ont sidéré, sinon déplu. Je reste, 23 ans plus tard fermement convaincu que tout (ou presque) reste à faire, même dans nos sociétés. Mais je ne suis pas convaincu que le livre de
Lauraine Meyer fasse autre chose que d'enfoncer des portes ouvertes.