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Joëlle Dublanchet (Traducteur)Claire Hauchard (Traducteur)Madeleine Lejeune (Traducteur)Boris de Schloezer (Traducteur)
EAN : 9782940701179
601 pages
Editions des Syrtes (05/05/2022)
4.5/5   7 notes
Résumé :
Qu'elles soient écrites dans son pays ou en exil, à Paris ou dans les Alpes maritimes, les trente-six nouvelles rassemblées dans ce recueil dépeignent le plus souvent la Russie, dont Ivan Bounine est le chantre bouleversant. Qu'elles évoquent la nature, l'amour ou la campagne russe, elles sont imprégnées des souvenirs émerveillés de la terre natale, de ses paysans, de ses hobereaux, de son monde poétique mais fragile.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai découvert la plume d'Ivan Bounine grâce au recueil « Les pommes Antonov » publié aux éditions des Syrtes. 

Maison d'édition qui a eu l'excellente idée de publier en un seul recueil en format poche, toutes les nouvelles du prix Nobel de littérature 1934, parues dans leur catalogue, sans oublier, cerise sur le gâteau, une oeuvre de jeunesse inédite. 

On retrouve dans ce recueil tout ce qui avait su me séduire dans le recueil « Les pommes Antonov » : des descriptions de toute beauté, servies par une plume délicate. 

Les thèmes chers à Bounine s'étalent au long des récits : la nostalgie pour la Russie d'avant la révolution, l'amour de la nature ou réflexion sur la brièveté de l'existence.

Les pages défilent, amenant des réflexions, des émotions, des ressentis. À chaque fois, Bounine réussit à nous transporter en quelques lignes, dans une époque, un lieu, une atmosphère.

J'ai été particulièrement sensible aux récits emprunts de nostalgie comme « les faucheurs », par exemple ou « les pommes Antonov ».

Sans oublier les récits comme « La fin » ou « Mistral » évoquant l'exil de l'auteur qui après la révolution, vécut en France.

Impossible de citer tous les textes qui se démarquent chacun à leur manière. Ils m'ont donné l'impression de mieux connaître l'auteur, de sentir sa présence et sa tristesse, en filigrane des nouvelles. 

Un recueil à découvrir de toute urgence, à moins que vous ne l'ayez déjà fait ? 
Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mon esprit flottait dans un état second, des bribes de souvenirs me revenaient... Je me récitai ces vers de Polonski pour me tenir compagnie :

"Tonnerre et fracas, le bateau chavire,
Les flots noirs grondent* ..."

Et la suite ? Me demandai-je à moitié endormi.
Ah ! Oui !

"Je rêve que je suis jeune et gai...
La délicieuse fraîcheur de l'aube
Coule dans le verger..."

Mais à quoi bon remuer tout cela, pensai-je, c'est déjà si loin ! On éprouve juste quelques regrets, un brin de nostalgie, et en même temps on se dit : Bah ! Au diable le passé ! Je me rappelais confusément d'autres poèmes, j'avais encore envie de dormir, j'étais pris de nausées. Le bateau recommençait à se cabrer, à grincer, à lutter, il s'enfonçait de nouveau puis refaisait surface ; c'était toujours les mêmes masses d'eau écumantes qui déferlaient en hurlant, les mêmes rafales de vent qui soufflaient leurs froides odeurs, encore et toujours le gargouillis du lavabo qui s'étranglait en bouillonnant... soudain je me réveillai tout à fait, illuminé par une révélation subite : Mais oui ! C'est cela ! Je suis sur la Mer Noire, en train de faire route vers Constantinople à bord d'un navire étranger. La Russie, c'est fini. Tout est fini. Et même si par miracle nous ne périssons pas dans ce gouffre glacial et maléfique, toute ma vie passée est bien révolue. Comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte, comment ne l'ai-je pas compris plus tôt ? (p. 337-338)

La fin
Paris, 1921

* Extrait du poème "Dans la tempête" du poète russe Yacov Polonski (1820-1898)
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Avdeï le Soucieux, un riche paysan, se prépare à partir pour la ville.
Attelée à une charrette, devant l'isba, sommeille une jument grise, les pieds largement écartées : elle a de longs cils, une moustache grise, sa lèvre inférieure pend, toute boursoufflée. Avdeï a des cheveux blancs et bouclés ; il est bâti solidement ; son visage est sombre, ses omoplates osseuses pointent sous la chemise de cotonnade déteinte. Un marteau à la main, quelques clous en bouche, il s'affaire autour de la charrette remplie de paille et ne fait attention à personne.
Il est très préoccupé. De graves soucis le tourmentent ces derniers jours : doit-il vendre le bélier ? Le bélier est vieux, mais il vaudrait mieux ne pas le vendre. Il faudrait attendre... Ne serait-il pas préférable de vendre le blé ? L'automne est beau ; la récolte a été excellente, Il en a déjà fait moudre une bonne partie ; il suffirait donc de charger quelques sacs et de partir pour la ville. Mais les prix de l'orge et de l'avoine se maintiennent tellement bas ! Non, si pressé qu'on soit, on ne peut vendre la récolte ! Après toute une semaine de réflexions et d'hésitations, Avdeï se décide enfin à se débarrasser du bélier. (p. 281)

Avdeï le Soucieux
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Après le dîner, on prit le thé, on parcourut évidemment et hâtivement les journaux qui venaient d'être rapportés de la poste - il n'y en avait pas eu pendant plusieurs jours, et il en était arrivé tout un paquet à la fois. Ils racontaient tous la même chose, c'était toujours le même effroyable galimatias ! Puis tout le monde se dispersa lentement pour aller dormir. Je restai seul et continuai à lire en m'indignant et m'agitant. Mon regard tomba soudain sur les fenêtres : derrière les traverses des vieux châssis s'offraient la beauté des vieux pins et des sapins, le désordre romantique de leurs aiguilles, de leurs rameaux, de leurs branches, et le ciel d'un bleu profond d'une nuit d'avril éclairée par la lune, et dans les intervalles la cour lumineuse. Je me levai rapidement, passai dans l'antichambre prendre ma casquette et ma canne, sortis sur le perron : la nuit était splendide !
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On espère toujours quelque chose de nouveau, d'heureux, dans la vie d'un matin qui commence, au cœur de ce monde divin éternellement jeune, dans la lumière originelle de l'océan, surtout.
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Un domaine à la campagne, au début du mois de mars, première semaines du Carême.
Journées sombres, monotones.
Mais c'est déjà la veille du printemps.
Je vis en ermite, travaillant du matin au soir.
"Le Seigneur, ô mon âme, t'a confié un talent: accepte ce don avec crainte. "
Aujourd'hui encore, je n'ai pas vu passer la journée.
Voici que le soir descend, il bleuit derrière les carreaux.
Fatigué, apaisé, je pose ma plume, remerciant Dieu mentalement de m'avoir donné la force d' accomplir ma tâche ; je m'habille et sors sur le perron.
Crépuscule, silence, douceur de mars...
Je traverse le village, poursuivant le cours de mes pensées, échafaudant mes fictions secrètes, mais rien ne m'échappe du monde qui m'entoure, mon esprit est vigilant et sensible aux moindres détails, car mon cœur et mes yeux sont ouverts à tout.
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L'avis de Fédérovski sur Ivan Bouninie
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Ivan Bounine (1870-1953) fut le premier russe à obtenir le prix Nobel de littérature en :

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