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EAN : 9782493213396
320 pages
NOUVEL ATTILA (26/04/2024)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Amba, la princesse aînée du royaume de Kashi, est enlevée le jour de son mariage par Bhessma. Sa vie est détruite, car même libérée, son promis la rejette. Impuissante, privée de son amour et de son honneur, elle prie les dieux pour trouver la force de tuer son ravisseur.
La condition posée est que dans sa prochaine vie elle devienne un homme.

À contrepied de l'histoire officielle, Karthika Naïr propose une réécriture d'un épisode central du Ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Tant que les lions n'auront pas d'historiens, le récit de la chasse glorifiera le chasseur ».
« En Inde, on ne lit jamais le Ramayana ou le Mahabharata pour la première fois, écrivait A. K. Ramanujan, le poète, traducteur et critique.»
Le Mahabharata est le plus long poème au monde.
Texte sacré, intemporel, la flamme sanskrite, « récit du conflit fratricide qui oppose deux clans d'une même famille ».
« Oeuvre collective de 120 000 versets divisés en 18 livres. »
Plus qu'un incontournable, c'est le recueil-socle, macrocosme, le summum de la symbolique culturelle et idéologique sud-asiatique.
Ici, c'est le plein monde qui s'élève dans « Le Cantique des lionnes ». le chant choral dans l'apothéose d'une féminité révélée. Karthika Naïr bouscule les codes, les interprétations, cueille les voix, les prononciations. L'acclamation qui soulève les entendements.
L'épopée comme une lame de fond qui remue les sens, les enjeux et les pouvoirs. La fulgurance du sacre entre les mains de Karthika Naïr. C'est une danse autour du feu. L'épos qui annonce l'histoire et le mythe, la légende et la contemporanéité.
Les entrelacs empreints d'une féminitude exaltée, dont l'aura berce la saveur des mots. Femme-cerceau, l'envoûtement et le miracle de l'annonce. Tout ici, est ode et magnificence, cris de puissance et de sédition.
Les fragments à l'instar d'herbes folles qui s'agitent. Les Dieux et les hommes, les révoltes et cette force-levier devient un contre-pouvoir.
La mappemonde où règne l'exaltation des expressions vives. le chant du monde et ses douleurs intestines. Convoquer les Dieux et les esclaves, les sermons, les soupirs, les désirs et l'espérance d'atteindre sa propre loi.
La liberté d'être une femme révélée, le regain des aspirations. Les luttes pour s'émanciper dans cette aura poétique, spéculative et quasi charnelle.
« Ce corps, en qui j'avais si longtemps brûlé, s'est embrasé comme seules devaient le faire les étoiles de mort. » « Lève ta haine en eux lance peurs et rumeurs pour les affoler mais ligote-les dans le fil du mot paix. »
« Le Cantique des lionnes », femmes étincelles, divines et rebelles. Ici, elles deviennent des déesses. La proclamation même des résistances.
« Car il est temps. Il a toujours été temps, mais il est temps. J'ai hurlé face aux dieux, aux rois, au fil des mois, durant des années écumé la planète, ses plaines, ses forêts. »
Litanie-liane, l'effusion souveraine, l'altérité et la conviction de devenir une lionne émancipée et initiée.
« Alors recommence / Commence à vaincre / Commence à finir. »
On peut lire à l'infini ce culte en nos mains. Grappiller, se risquer et communier avec cette poésie qui change de couleur à chaque pas.
On aime les morceaux d'architecture, dans cette épiphanie où la lecture se lit à voix haute, d'elle-même, sans le vouloir. On pleure. La beauté est apothéose.
« Combien d'hommes manderez-vous de nos seuils. Tournés en boucliers vivants pour nos héros ? » «Épargnez l'homme. Épargnez-nous. Épargnez-nous. »
« Le Cantique des lionnes » est un sanctuaire. « Quand le roi décide de te prendre, on marque le commencement avec faste, non le dénouement. Quand le roi décide de te prendre nul ne viendra à ton aide : les dieux sont à lui, les mythes et les légendes lui appartiennent, aussi. »
Oracle littéraire, les théophanies rémanence. Lire et relire cet intemporel, et admirer la gloire et la magnificence d'une écriture inestimable. Prendre soin de la préface de Laëtitia Zecchini. Les notes en fin de livre et l'index des personnages. Savoir ce parchemin littéraire dans tous les lieux des savoirs et dans les universités.
Ce livre est une chance éditoriale hors norme. Une référence et la poésie comme une danse qui vous consolera. La narration du monde : « Une parole qui refuse de mourir ».
Un livre unique. Traduit de l'anglais (Inde) par Claro, Simone Manceau, Bernard Turle, Dominique Vitalyos, et Laëtitia Zecchini. Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
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Karthika Naïr s'inspire d'un épisode du Mahabharata pour écrire ce cantique. le Mahabharata est le récit du conflit fratricide qui oppose les deux clans d'une même famille, les Kaurava et les Pandava. Ils sont tous deux issus du roi Kuru, de son fils Shantanu et de sa femme Satyavati.
En appliquant une maxime de Chinua Achebe, Karthika Naïr veut se faire l'écho des vaincus. Dans ce récit polyphonique, Styavati est le fil rouge mais elle est entourée d'une vingtaine de narrateurs, surtout des femmes.

Satyavati fut conçue dans le ventre d'un poisson. Son père biologique, le roi de Chedi la rejette. Elle est élevée par un pêcheur. Considérée de caste inférieure, elle grandit dans la puanteur et la misère. Elle s'offre à Parashara, un vieil ascète aux pouvoirs surnaturels, en échange des dons de beauté, de parfum irrésistible et de la promesse d'un mariage royal. de cette première union naquit Vyaasa qui sera l'auteur du Mahabharata. Elle épouse ensuite comme promis le roi Shantanu, fils de Kuru.
Shantanu a déjà un fils, Bhishma. Satyavati voulant imposer sa descendance lui demandera de faire voeu de célibat. Elle assure ainsi un royaume à ses fils, Chitrangada et Vichitravirya. Mais le premier meurt et le second refuse la charge. Ce qui ne fait pas les affaires de Satyavati qui oeuvrera avec Bhishma pour contraindre Vichitravirya a une descendance royale.
Le roman relate toutes les manigances de Satyavati afin d'assurer la postérité de son royaume.
Avec Bhishma, son homme de main sanguinaire, Satyavati contraint de pauvres princesses à copuler avec les fils puants du royaume. Alors qu'elle aurait dû protéger les femmes, elles les sacrifient pour une postérité. Les femmes sont souvent les premières victimes des guerres.
C'est un récit de pouvoir. Et on ne peut faire la guerre sans perdre une partie de son humanité. Mort, massacres et viols au nom d'une lignée. La haine envahit le coeur des descendants.
Le cantique des lionnes est un roman difficile à lire par son sujet mais aussi par sa forme. Les textes narratifs de Satyavati, imprimés en rouge, sont simples et concrets. Ils reformulent facilement le cours de l'histoire de cette famille.
Mais elle est entourée de témoignages d'autres femmes, soit en vers, en prose, en calligrammes . Elles sont dix-huit à donner leur point de vue avec ferveur et violence.
Outre l'évocation d'un texte fondateur de l'Inde et la truculence de grandes épopées, l'auteur glisse quelques réflexions intemporelles sur le patriarcat, l'éducation, la soif de pouvoir. Que retenons-nous des textes fondateurs de nos sociétés ?
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L’étau du pouvoir paternel aura
raison de tout, et les mères pleureront
des larmes de pierre. Grise, la nuit, gris,
gris le pelage de la terre, gris
notre sang. Et nous rejouons nos fautes.
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Le monde est un masque qui danse. Pour bien le voir, il ne faut pas rester à la même place.
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