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EAN : 9782890525757
413 pages
Boréal (01/11/1976)
3.81/5   288 notes
Résumé :
Dans le quartier montréalais de Saint-Henri, un peuple d'ouvriers et de petits employés canadiens-français est désespérément en quête de bonheur. Florentine croit trouver le sien dans l'amour; Rose-Anna le cherche dans le bien-être de sa famille; Azarius fuit dans le rêve; Emmanuel s'enrôle; Jean entreprend son ascension sociale. Chacun, à sa manière, invente sa propre voie de salut et chacun, à sa manière échoue. Mais leur sort est en même temps celui de millions d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 288 notes
1939 Canada, quartier Saint Henry , faubourg de Montréal, le Canada se prépare à entrer en guerre aux côtés de la Grande Bretagne et de la France , suite à l'invasion de la Pologne par l'armée allemande.
Florentine Lacasse est la fille aînée de Rose-Anna et Azarius.C'est une jeune fille de 19 ans serveuse dans un restaurant les Quinze Cents où elle va rencontrer Jean Lévesque et Emmanuel Letourneau 2 jeunes hommes amis d'enfance mais au caractère diamétralement opposé. Autant Emmanuel ,élevé dans ce quartier miséreux mais sans avoir jamais souffert du manque , se montre attentif aux autres , pauvres ou riches ,toujours prêt à essayer de sauver le monde , l'humanité allant même jusqu'à s'engager par idéalisme pacifique, autant Jean orphelin , peu ou mal aimé ,et qui a souffert de la pauvreté, , ne vise qu'à gravir les marches de la hiérarchie sociale quitte à tourner le dos à tout ce qui peut lui rappeler ce passé , cette misère , cette solitude désargentée il ne veut à aucun prix orphelin , peu ou mal aimé être retenu :seul il est et seul il avance.
Quant à Florentine , jolie jeune fille portant sur ses épaules la survie de sa famille avec la paye qui rentre à la maison chaque semaine, le père toujours au chômage et sa mère à nouveau enceinte du 12ème enfant, son but est de trouver un ami garçon qui lui apportera ce qu'elle juge essentiel la sécurité financière ,les petits plaisirs de la vie ,une jolie robe, un bijou, une sortie….mais voilà elle rencontre Jean et tout bascule pour elle , broyée ,laminée par sa passion pour cet homme.
Rose-Anna est le portrait typique de ces femmes de l'époque , acceptant tout pour leur mari , leurs enfants , se sacrifiant à leur profit , travaillant sans relâche et ne s'arrêtant que pour accoucher ….
Azarius lui aimerait retrouver l'odeur du bois et pouvoir à nouveau faire vivre sa famille décemment.ce doux rêveur est un personnage très attachant ,
A travers le premier roman de Gabrielle Roy ,récompensé en France par le prix Fémina 1947 et au Canada par le prix du Gouverneur Général , nous découvrons cette ville de Montréal et ses 2 mondes,; le fossé entre les familles anglaises de la ville haute et celles de la ville basse , prêt du port et de la zone industrielle qui se développe dans ces quartiers francophones.
Elle nous parle de tous ces petites gens vivant au jour le jour , rognant sur tout pour pouvoir se payer un toit, un morceau de pain , le quotidien , toujours le quotidien .Pour eux pas malgré tout l'espoir , les petits bonheurs , l'optimisme affleure malgré les difficultés.
Mêlant les tonalités réalistes de Zola à celles De Maupassant , G Roy a écrit là un livre qui a marqué son époque dénonçant , alertant les autorités sur la vie misérable dans ces quartiers et en pionnière elle aborde aussi un sujet jusqu'alors tabou celui de la sexualité de la jeune femme et du couple !
C'est un livre qui une fois refermé de s'oublie pas de sitôt! A découvrir.


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Nous suivons une famille pauvre dans le quartier populaire de Saint-Henri, à Montréal, vers 1940. Chacun à sa façon essaie de survivre et de trouver le bonheur. D'après le titre du livre, nous devinons qu'il s'agit pour certains de fugaces moments, pour d'autres de choix par dépit.
Le style est précis, le langage parlé bien rendu dans les dialogues. Un livre triste et assez sombre, marqué par le fatalisme des personnages.
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Sans rime ni bon sens, je revis la jeunesse de ma maman et la vie de ma grand-maman dans ce roman écrit en 1945 par Gabrielle Roy. Malgré qu'elle soit campé dans le quartier ouvrier de Saint-Henri à Montréal, cette misère résonne dans les villes et villages du Québec durant durant la Deuxième Guerre mondiale. Car oui, il est question de la misère noire, celle qui creuse les joues de faim, qui noircit les poumons de suies et qui incite aux gestes inconsidérés.

Florentine travaille dans un 5-10-15 (Quinze-Cents) magasin général où se trouve un comptoir lunch qui sert un repas complet à petit prix. Elle est séduite par Jean Lévesque, beau jeune homme, imbu de lui-même, instruit, avec un bon métier. Elle l'aime mais comme elle est d'une famille pauvre, elle n'a pas la propension au bonheur.
Son père Azarius, encore très bel homme, vit d'expédients. Il arrive à peine à nourrir sa famille et rêve de liberté alors que sa femme Rose-Anna est enceinte de son douzième enfant.
La vie est dure durant la Deuxième Guerre mondiale et les canadiens-français n'ont plus de travail, peinent à se dénicher des loyers abordables et les enfants sont nombreux car la religion y veille. Rose-Anna travaille jour et nuit pour coudre, faire à manger, laver et soigner. Elle compte sur le maigre salaire de son aînée Florentine pour payer le loyer et nourrir les enfants. Azarius fait son possible et rêve de l'emploi idéal, essaie plein de choses pour finir au café du coin à boire un coke. Il n'y a pas à dire, la personne pratique de la famille, c'est Rose-Anna. Une sainte femme dirait monsieur le curé.

Florentine, l'histoire d'un soir, tombe enceinte du mauvais gars et épousera celui qu'elle n'aime pas mais qui saura la tirer du pétrin. le jeune frère de Florentine perdra la vie d'une leucémie avant de même comprendre ce que veut dire vivre. Il a eu plus de bonheur dans les quelques jours passés à l'hôpital que dans toute sa jeune vie. C'est d'une tristesse incommensurable.

L'histoire de Bonheur d'occasion est d'un réalisme fou. Car du bonheur « neuf » semble utopique dans cette période de guerre. le bonheur est associé à l'argent et de l'argent il n'y en aura que lorsque les hommes partiront à la guerre. La guerre est le salut, elle délivre du chômage.
Gabrielle Roy mélange le bruit des trains à l'odeur de l'indigence. Elle décrit très bien les émois de l'amour et les sentiments d'échecs. C'est une lecture grise pour ma part, j'ai beaucoup aimé le style d'écriture, urbain, sans fioritures, très actuel aussi. Bien sûr, lire sur la vie des gens qui nous ont précédés, sur leurs extrême dénuement, ce n'est pas vraiment joyeux. J'y ai vu trop de ressentis douloureux pour être pleinement satisfaite.
Une autre roman ce cette autrice saura sûrement m'emballer un peu plus car elle a un grand talent.

« …aucun d'eux n'allait faire la guerre dans le même but… »
« Mais qu'y avait-il donc encore au bout du monde, hors la mort, qui éclairait les hommes sur leur destin commun? »
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Dans ce roman, on suit une famille dont la fille aînée Florentine âgée de 19 ans travaille pour aider sa famille comme serveuse au restaurant du Quinze-cents. Son père Azarius est au chômage quant à sa mère Rose-Anne, elle travaille à la maison tout en s'occupant de sa nombreuse progéniture et veille sur tout le monde. Nous découvrons leur vie de famille difficile en raison de leur pauvreté. Au second plan la seconde guerre mondiale, les hommes vont être mobilisés et pour certains cela leurs évitera le chômage.
Dans une écriture sobre tout en y mêlant le charme des dialogues en joual Gabrielle Roy brosse une époque difficile, réaliste des ouvriers de Montréal dans les années 1940. Une belle fresque familiale aux personnages attachants à découvrir.

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Montréal 1940 – Dans le quartier de Saint Henri, Florentine Lacasse, 19 ans, est serveuse dans un restaurant. Elle est quasiment la seule source de revenus stables de toute sa famille de onze personnes. Son père, Azarius, est au chômage depuis des années et rêve de monter une "affaire"; sa mère, Rose- Anna, s'occupe des huit enfants et est couturière à domicile. La vie et très dure pour cette famille et ce quartier. Gabrielle Roy nous fait très bien sentir le froid, la faim, l'extrême dénuement de ses personnages, leurs espoirs et leurs petites mesquineries. Les pages sur la maladie du petit Daniel, 6 ans, sont très émouvantes.
La rencontre de Florentine avec Jean Lévesque,jeune homme ambitieux et travailleur, redonne à celle-ci un espoir en une vie meilleure. Jean est très ambigü : Il travaille énormément pour s'en sortir. D'un côté, il est attiré par la jeunesse et la beauté de Florentine, mais de l'autre il a aussi peur d'elle et de ce qu'elle représente : la pauvreté de son enfance dans un orphelinat. Indécis , il présente Florentine à son ami, Emmanuel, qui vient de s'engager dans l'armée.
En fonds d'histoire, la guerre en Europe est présente. Les informations arrivent à Montréal par radio et par les journaux : La "drôle de guerre" en France, l'invasion des pays européens par les allemands…. Cette guerre est d'abord lointaine puis se rapproche avec la conscription des jeunes gens. Certains s'engagent dans l'armée, d'autres en "profitent" pour rester planqués.

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En conclusion : Des personnages tout en nuances, qui sont à la fois généreux et égoïstes, qui voudraient s'en sortir ou s'évader, certains prêts à tout pour échapper à la misère, d'autres plus résignés et fatalistes. Des dialogues savoureux dans les restaurants sur la vie, la politique, l'Europe…..Une grande réussite.
Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Mais il la retenait contre lui. Il savait maintenant que la maison de Florentine lui rappelait ce qu'il avait par-dessus tout redouté : l'odeur de la pauvreté, cette odeur implacable des vêtements pauvres, cette pauvreté qu'on reconnaît les yeux clos. Il comprenait que Florentine elle-même personnifiait ce genre de vie misérable contre laquelle tout son être se soulevait. Et dans le même instant, il saisit la nature du sentiment qui le poussait vers la jeune fille. Elle était sa misère, sa solitude son enfance triste, sa jeunesse solitaire ; elle était tout ce qu'il avait haï, ce qu'il reniait et aussi ce qui restait le plus profondément lié à lui-même, le fond de sa nature et l'aiguillon puissant de sa destinée.

C'était sa misère, sa tristesse qu'il tenait entre ses bras, sa vie telle qu'elle pourrait être, s'il ne s'était arraché d'elle comme d'un vêtement gênant. Il pencha la tête sur l'épaule de la jeune fille et, songeant au grand tourment d'affection qu'il avait eu, tout petit, il murmura sans y penser, comme si c'était dans le passé qu'il l'eût connue :
- Une petite taille de rien du tout. Mes mains en feraient le tour.
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Le printemps, elle l'avait aimé autrefois ! Il y avait eu deux beaux printemps dans sa vie. Celui où elle avait rencontré Azarius, si gai à cette époque, que déjà la vieille madame Laplante, sa mère à elle, prophétisait : "M'est idée qu'il fera jamais rien de drôle, c'lui-là. Y est trop porté à tout voir en beau." Puis le printemps où était née Florentine, sa première. Elle se rappelait la douceur de ces deux printemps-là. Parfois, au fond de son souvenir, elle croyait en sentir encore jusqu'à l'odeur des feuilles fraîches. Elle se revoyait, en de rares moments de détente, poussant la voiturette de Florentine dans le soleil. Des voisins se penchaient sur les rubans, les dentelles, et disaient : "Vous vous donnez ben du trouble ; quand ce sera votre dixième, vous en ferez pas autant."
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Florentine observait sa mère avec étonnement. Ainsi qu’il arrive presque inévitablement aux membres d’une même famille qui se voient quotidiennement, elle n’avait pas remarqué bien des changements survenus peu à peu dans la physionomie de sa mère. Des petites rides s’étaient creusées aux coins des yeux qu’elle n’avait point vues, une lassitude s’était inscrite dans les traits, qui lui avait échappé. Et, rapidement, d’un seul regard, elle nota la souffrance, le courage écrits sur ce visage, de même qu’après une longue absence ou une violente émotion, il suffit d’un instant pour saisir tout ce qui s’est glissé entre les années et le souvenir d’une image.
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l'image de Florentine pourrait mourir dans son souvenir,l'image de sa jeunesse pourrait se perdre,mais jamais il n'oublierait l'affreuse pauvreté qui avait entouré leur instant d'amour.Cela était la suprême offense qui déteignait sur son sentiment de supériorité,le gênait déjà jusque dans ses ambitions de l'avenir,se présenterait peut-être à lui chaque fois qu'il réussirait et d'autant plus qu'il réussirait.
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Elle les connaissait bien, soudain, toutes ces femmes des pays lointains, qu’elles fussent polonaises, norvégiennes ou tchèques ou slovaques. C’étaient des femmes comme elle. Des femmes du peuple. Des besogneuses. De celles qui, depuis des siècles, voyaient partir leurs maris et leurs enfants. Une époque passait, une autre venait; et c’était toujours la même chose : les femmes de tous les temps agitaient la main ou pleuraient dans leur fichu, et les hommes défilaient. […] De celles qui ont regardé les défilés avec des yeux secs et, dans leur cœur, ont maudit la guerre.
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Vidéo de Gabrielle Roy
Sean Mills lit un extrait du texte ''Ma rencontre avec les gens de Saint-Henri'' de Gabrielle Roy.
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